Charles Baudelaire - Les Fleurs du mal

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Charles Baudelaire

Le Voyage de Charles Baudelaire : Résumé et analyse

Le poète français Charles Baudelaire a voyagé à travers l’Europe et l’Orient au cours de sa vie, et ces voyages ont eu une grande influence sur son travail. Dans cet article, nous allons explorer les voyages de Baudelaire et leur impact sur son œuvre, ainsi que les thèmes et les motifs récurrents qui se retrouvent dans ses écrits inspirés de ses voyages. Nous allons également examiner comment Baudelaire a été influencé par les cultures et les paysages qu’il a rencontrés lors de ses voyages, et comment cela a façonné son point de vue sur le monde.

La vie de Charles Baudelaire

Le voyage de Charles Baudelaire a été l’un des moments les plus marquants de sa vie. En 1841, il a embarqué sur un navire en direction des Indes orientales, mais a été contraint de faire demi-tour en raison de problèmes de santé. Cependant, ce voyage a eu un impact profond sur sa vie et son travail. Baudelaire a été fasciné par les cultures exotiques et a incorporé ces influences dans son écriture, notamment dans son recueil de poèmes « Les Fleurs du Mal ». Le voyage a également été une période de réflexion pour Baudelaire, qui a commencé à remettre en question sa propre existence et sa place dans le monde. En fin de compte, le voyage de Baudelaire a été un tournant dans sa vie, qui a influencé son travail et sa vision du monde pour le reste de sa vie.

Le contexte historique et culturel de l’époque

Le Voyage de Charles Baudelaire a été écrit au XIXe siècle, une période marquée par de profonds changements sociaux, politiques et culturels. La France était alors en pleine révolution industrielle, avec l’émergence de nouvelles technologies et l’urbanisation rapide des villes. Cette période a également été marquée par des bouleversements politiques, notamment la révolution de 1848 qui a vu la chute de la monarchie de Juillet et l’avènement de la Deuxième République.

Sur le plan culturel, le XIXe siècle a été marqué par le mouvement romantique, qui a vu l’émergence de nouveaux courants artistiques tels que le symbolisme et le réalisme. Charles Baudelaire était lui-même un poète symboliste, connu pour son exploration des thèmes de la beauté, de la mort et de la modernité.

Le Voyage de Charles Baudelaire reflète donc les préoccupations de son époque, avec son exploration de la ville moderne et de ses habitants, ainsi que sa réflexion sur la condition humaine dans un monde en mutation rapide. C’est un texte qui témoigne de l’importance de la littérature dans la compréhension de l’histoire et de la culture d’une époque donnée.

Le voyage de Charles Baudelaire en Inde

Le voyage de Charles Baudelaire en Inde est l’un des événements les plus marquants de sa vie. En 1841, il embarque pour un périple de plus de deux ans qui le mènera de l’île Bourbon (aujourd’hui La Réunion) à l’île Maurice, en passant par l’Inde et le Sri Lanka. Ce voyage a profondément influencé son œuvre, notamment son recueil de poèmes Les Fleurs du Mal.

Baudelaire a été fasciné par l’Inde, sa culture et ses traditions. Il a été particulièrement marqué par la religion hindoue et le bouddhisme, qui ont inspiré plusieurs de ses poèmes. Il a également été impressionné par la beauté des paysages et la richesse de la faune et de la flore.

Cependant, le voyage de Baudelaire en Inde n’a pas été de tout repos. Il a été confronté à de nombreuses difficultés, notamment la maladie, la pauvreté et la solitude. Il a également été témoin de la misère et de l’injustice qui régnaient dans certaines parties du pays.

Malgré ces épreuves, le voyage de Baudelaire en Inde a été une expérience inoubliable qui a profondément marqué sa vie et son œuvre. Il a su capturer la beauté et la complexité de ce pays dans ses poèmes, et son voyage reste une source d’inspiration pour les écrivains et les artistes du monde entier.

Les impressions de Baudelaire sur l’Inde

Les impressions de Baudelaire sur l’Inde sont marquées par un mélange de fascination et de répulsion. Dans ses écrits, il décrit l’Inde comme un pays exotique et mystérieux, mais également comme un endroit sale et chaotique. Il est particulièrement frappé par la pauvreté et la misère qu’il observe dans les rues de Calcutta, où il passe une grande partie de son séjour. Cependant, il est également fasciné par la culture indienne, en particulier par la religion et la philosophie hindoues. Il estime que l’Inde est un pays qui a beaucoup à offrir au monde, mais qui est également confronté à de nombreux défis. En fin de compte, les impressions de Baudelaire sur l’Inde reflètent sa vision complexe et nuancée du monde, qui est à la fois critique et admirative.

Les thèmes récurrents dans les poèmes de Baudelaire inspirés de son voyage

Les poèmes de Baudelaire inspirés de son voyage sont marqués par des thèmes récurrents tels que la mélancolie, la solitude, la beauté éphémère et la décadence. Dans « Le Voyage », Baudelaire décrit son voyage comme une quête de l’inconnu et de l’inspiration, mais il est également conscient de la tristesse et de la solitude qui l’accompagnent. Dans « L’Invitation au voyage », il évoque la beauté éphémère de la vie et la nécessité de la fuir pour trouver la paix intérieure. Dans « Le Voyage à Cythère », il décrit une île mythique où les amants se retrouvent pour vivre leur amour éternel, mais il est également conscient de la décadence qui les attend. Ces thèmes récurrents reflètent la vision pessimiste de Baudelaire sur la vie et la condition humaine, mais ils sont également le reflet de sa quête constante de la beauté et de l’inspiration.

L’influence du voyage sur l’œuvre de Baudelaire

Le voyage a eu une influence majeure sur l’œuvre de Charles Baudelaire. En effet, ses voyages en Europe et en Asie ont inspiré certains de ses poèmes les plus célèbres, tels que « L’invitation au voyage » et « Le Voyage ». Baudelaire a également été influencé par les cultures et les traditions qu’il a rencontrées lors de ses voyages, ce qui a contribué à la richesse de son écriture. En outre, ses voyages ont également eu un impact sur sa vie personnelle, car il a rencontré des personnes qui ont influencé sa pensée et sa philosophie. En somme, le voyage a été un élément clé dans la vie et l’œuvre de Baudelaire.

Les critiques contemporaines de l’œuvre de Baudelaire inspirée de son voyage

Les critiques contemporaines de l’œuvre de Baudelaire inspirée de son voyage ont souvent souligné la complexité de ses écrits. Bien que les poèmes de Baudelaire soient souvent considérés comme des chefs-d’œuvre de la poésie française, certains critiques ont remis en question la manière dont il a représenté les cultures qu’il a rencontrées lors de son voyage. En particulier, certains ont critiqué sa représentation des femmes et des personnes de couleur, qui ont souvent été décrites de manière stéréotypée et exotique. Malgré ces critiques, l’œuvre de Baudelaire continue d’être étudiée et appréciée pour sa beauté poétique et sa capacité à capturer l’essence de l’expérience humaine.

L’héritage de Baudelaire dans la littérature française et internationale

Le Voyage de Charles Baudelaire est un recueil de poèmes qui a marqué l’histoire de la littérature française et internationale. Publié en 1857, ce livre a été considéré comme scandaleux à l’époque en raison de son contenu érotique et de sa critique de la société bourgeoise. Cependant, il a également été salué pour sa poésie innovante et son exploration de thèmes tels que la beauté, la mort et la solitude.

L’héritage de Baudelaire dans la littérature française et internationale est immense. Ses poèmes ont influencé de nombreux écrivains et poètes, notamment Arthur Rimbaud, Paul Verlaine et Stéphane Mallarmé. En dehors de la France, des écrivains tels que T.S. Eliot et Charles Bukowski ont également été inspirés par l’œuvre de Baudelaire.

Le Voyage de Charles Baudelaire est un exemple de la façon dont la poésie peut être utilisée pour explorer des thèmes profonds et universels. Sa poésie est souvent sombre et mélancolique, mais elle est également empreinte d’une beauté et d’une sensibilité qui ont touché des générations de lecteurs. En fin de compte, l’héritage de Baudelaire dans la littérature française et internationale est un témoignage de la puissance de la poésie pour capturer l’essence de l’expérience humaine.

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Poésie, poèmes et poètes

le voyage baudelaire conclusion

À Maxime Du Camp

Pour l’enfant, amoureux de cartes et d’estampes, L’univers est égal à son vaste appétit. Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes ! Aux yeux du souvenir que le monde est petit !

Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme, Le cœur gros de rancune et de désirs amers, Et nous allons, suivant le rythme de la lame, Berçant notre infini sur le fini des mers :

Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme ; D’autres, l’horreur de leurs berceaux, et quelques-uns, Astrologues noyés dans les yeux d’une femme, La Circé tyrannique aux dangereux parfums.

Pour n’être pas changés en bêtes, ils s’enivrent D’espace et de lumière et de cieux embrasés ; La glace qui les mord, les soleils qui les cuivrent, Effacent lentement la marque des baisers.

Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent Pour partir ; cœurs légers, semblables aux ballons, De leur fatalité jamais ils ne s’écartent, Et sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !

Ceux-là, dont les désirs ont la forme des nues, Et qui rêvent, ainsi qu’un conscrit le canon, De vastes voluptés, changeantes, inconnues, Et dont l’esprit humain n’a jamais su le nom !

Nous imitons, horreur ! la toupie et la boule Dans leur valse et leurs bonds ; même dans nos sommeils La Curiosité nous tourmente et nous roule, Comme un Ange cruel qui fouette des soleils.

Singulière fortune où le but se déplace, Et, n’étant nulle part, peut être n’importe où ! Où l’Homme, dont jamais l’espérance n’est lasse, Pour trouver le repos court toujours comme un fou !

Notre âme est un trois-mâts cherchant son Icarie ; Une voix retentit sur le pont : « Ouvre l’œil ! » Une voix de la hune, ardente et folle, crie : « Amour… gloire… bonheur ! » Enfer ! c’est un écueil !

Chaque îlot signalé par l’homme de vigie Est un Eldorado promis par le Destin ; L’Imagination qui dresse son orgie Ne trouve qu’un récif aux clartés du matin.

Ô le pauvre amoureux des pays chimériques ! Faut-il le mettre aux fers, le jeter à la mer, Ce matelot ivrogne, inventeur d’Amériques Dont le mirage rend le gouffre plus amer ?

Tel le vieux vagabond, piétinant dans la boue, Rêve, le nez en l’air, de brillants paradis ; Son œil ensorcelé découvre une Capoue Partout où la chandelle illumine un taudis.

Étonnants voyageurs ! quelles nobles histoires Nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers ! Montrez-nous les écrins de vos riches mémoires, Ces bijoux merveilleux, faits d’astres et d’éthers.

Nous voulons voyager sans vapeur et sans voile ! Faites, pour égayer l’ennui de nos prisons, Passer sur nos esprits, tendus comme une toile, Vos souvenirs avec leurs cadres d’horizons.

Dites, qu’avez-vous vu ?

« Nous avons vu des astres Et des flots ; nous avons vu des sables aussi ; Et, malgré bien des chocs et d’imprévus désastres, Nous nous sommes souvent ennuyés, comme ici.

La gloire du soleil sur la mer violette, La gloire des cités dans le soleil couchant, Allumaient dans nos coeurs une ardeur inquiète De plonger dans un ciel au reflet alléchant.

Les plus riches cités, les plus beaux paysages, Jamais ne contenaient l’attrait mystérieux De ceux que le hasard fait avec les nuages. Et toujours le désir nous rendait soucieux !

– La jouissance ajoute au désir de la force. Désir, vieil arbre à qui le plaisir sert d’engrais, Cependant que grossit et durcit ton écorce, Tes branches veulent voir le soleil de plus près !

Grandiras-tu toujours, grand arbre plus vivace Que le cyprès ? – Pourtant nous avons, avec soin, Cueilli quelques croquis pour votre album vorace, Frères qui trouvez beau tout ce qui vient de loin !

Nous avons salué des idoles à trompe ; Des trônes constellés de joyaux lumineux ; Des palais ouvragés dont la féerique pompe Serait pour vos banquiers un rêve ruineux ;

Des costumes qui sont pour les yeux une ivresse ; Des femmes dont les dents et les ongles sont teints, Et des jongleurs savants que le serpent caresse. »

Et puis, et puis encore ?

« Ô cerveaux enfantins !

Pour ne pas oublier la chose capitale, Nous avons vu partout, et sans l’avoir cherché, Du haut jusques en bas de l’échelle fatale, Le spectacle ennuyeux de l’immortel péché :

La femme, esclave vile, orgueilleuse et stupide, Sans rire s’adorant et s’aimant sans dégoût ; L’homme, tyran goulu, paillard, dur et cupide, Esclave de l’esclave et ruisseau dans l’égout ;

Le bourreau qui jouit, le martyr qui sanglote ; La fête qu’assaisonne et parfume le sang ; Le poison du pouvoir énervant le despote, Et le peuple amoureux du fouet abrutissant ;

Plusieurs religions semblables à la nôtre, Toutes escaladant le ciel ; la Sainteté, Comme en un lit de plume un délicat se vautre, Dans les clous et le crin cherchant la volupté ;

L’Humanité bavarde, ivre de son génie, Et, folle maintenant comme elle était jadis, Criant à Dieu, dans sa furibonde agonie : « Ô mon semblable, ô mon maître, je te maudis ! »

Et les moins sots, hardis amants de la Démence, Fuyant le grand troupeau parqué par le Destin, Et se réfugiant dans l’opium immense ! – Tel est du globe entier l’éternel bulletin. »

Amer savoir, celui qu’on tire du voyage ! Le monde, monotone et petit, aujourd’hui, Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image : Une oasis d’horreur dans un désert d’ennui !

Faut-il partir ? rester ? Si tu peux rester, reste ; Pars, s’il le faut. L’un court, et l’autre se tapit Pour tromper l’ennemi vigilant et funeste, Le Temps ! Il est, hélas ! des coureurs sans répit,

Comme le Juif errant et comme les apôtres, À qui rien ne suffit, ni wagon ni vaisseau, Pour fuir ce rétiaire infâme : il en est d’autres Qui savent le tuer sans quitter leur berceau.

Lorsque enfin il mettra le pied sur notre échine, Nous pourrons espérer et crier : En avant ! De même qu’autrefois nous partions pour la Chine, Les yeux fixés au large et les cheveux au vent,

Nous nous embarquerons sur la mer des Ténèbres Avec le cœur joyeux d’un jeune passager. Entendez-vous ces voix, charmantes et funèbres, Qui chantent : « Par ici ! vous qui voulez manger

Le Lotus parfumé ! c’est ici qu’on vendange Les fruits miraculeux dont votre cœur a faim ; Venez vous enivrer de la douceur étrange De cette après-midi qui n’a jamais de fin ! »

À l’accent familier nous devinons le spectre ; Nos Pylades là-bas tendent leurs bras vers nous. « Pour rafraîchir ton cœur nage vers ton Électre ! » Dit celle dont jadis nous baisions les genoux.

Ô Mort, vieux capitaine, il est temps ! levons l’ancre ! Ce pays nous ennuie, ô Mort ! Appareillons ! Si le ciel et la mer sont noirs comme de l’encre, Nos cœurs que tu connais sont remplis de rayons !

Verse-nous ton poison pour qu’il nous réconforte ! Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau, Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu’importe ? Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau !

Charles Baudelaire

31 commentaires sur “Le Voyage”

Si tu cales au deuxième vers… Ça veut dire que l’envie de tout connaître est aussi grand que l’univers (c’est une image).

Que veux dire « l’univers est égal à son vaste appétit » ?

Qui suis-je pour juger de ce qui relève du sublime ? Le poète a dit. Écoutons-le humblement. C’est bien plus haut que nous… ce n’est pas mesurable à notre échelle de simples mortels

Bien écrit et tout.

Sarah, je vous aime!

Après Victor HUGO, « Abîme », « La vérité », « les 2 façons d’aimer », Après J-Claude PANTEL « Le Talent », « Les enfants d’Hermann HESS », « Caspar David FRIEDRICH », voici un chef-d’Oeuvre de Georges CHELON qui vient de mettre en chanson de manière MAGISTRALE ce poème « Le voyage » de Charles BAUDELAIRE ! Vous le trouverez sur YT :

https://www.youtube.com/watch?v=XEQM_x1I6A0

Un chef d’oeuvre ? NON ! Un élixir des Dieux… L’ivresse des cimes !

Je dois l’apprendre pour le college et c’est compliqué.

Je réponds à ceux qui le trouve long, c’est parce vous êtes à court d’imagination et de rêves, n’ayez pas peur c’est notre histoire que Charles déroule devant vos yeux !

C’est bien !

Apprendre ce poème en verlan et remonter à la source

Où que l’on parte, nos ombres nous suivent, comme des chiens accrochés à nos basques. L’idéal rongeur, pour reprendre Charles, mon semblable mon frère, fuit comme l’horizon au fur et à mesure que notre vaisseau poussé par les vents des espoirs jamais satisfaits, presque toujours éternellement déçus, sur les vagues d’un temps toujours fuyant. Que faire? Partir rester? Qu’importe nous semblons tous rivés à nos destins ignorés, accrochés comme des pendus à leur potence. Où donc nous diriger? En quoi espérer? Sinon en Dieu ou bien la Mort? Ou encore le néant d’une pureté parfaite?

Magnifique Charles, l’alchimiste, qui nous révèle la Lumière dans un noir profond!

Un poème qui mène le genre humain dans l’aventure à toutes les époques et les épreuves inconnues qu’elle doit traverser c’est notre destin, il est magnifique.

A lire sans modération pour peut-être mieux appréhender notre époque, l’Humanité est en tout temps la même, même si elle s’exprime différemment à chaque génération.

Liberté oblige.

Ce poème annonce un peu <>, comme s’ils étaient du même auteur. Les derniers vers sont d’un monde inconnu.

C’est un poème assez sombre. Au final il nous dit que les hommes et les femmes sont pourris partout pareil et que le seul voyage qui vaille vraiment la peine est la mort.

Ce poème touche l’essence des coutumes des lois des religions. Il résume l’histoire de l’esclavage et les aventures de Liberté.

Ce poème est bien, mais il est un peu… long

C’est un beau poème même s’il est très long. Je voulais le prendre pour un devoir de français, mais du coup j’hésite. Malgré tout c’est un des plus beaux poèmes que Baudelaire ai écrit.

Qui pourrait m’expliquer ce poème svp. Je le trouve super mais j’ai du mal à le comprendre. Je sais que ça parle de voyage et de voyageurs mais je n’arrive pas à l’accrocher. Merci…

Il nous fait voyager ce poème.

J’adore ce poème. Il est profond, magique, touchant.

C’est, je le pense, un poème aux influences romantiques, parnassiennes et qui tend vers le symbolisme. On y pense à des inntertextualités diverses : Homère, Lamartine, Hugo, et ses accents annonce le fameux « Bateau ivre » de Rimbaud, qui a sûrement lu ce poème. C’est top. Je vais l’offrir à la réfléxion de mes élèves demain, qui vont le « goûter » comme un mets sublime. Isah

C’est, je le pense, un poème aux influences romantiques, parnassiennes et qui tend vers le symbolisme. On y pense à des inntertextualités diverses : Homère, Lamartine, Hugo, et ses accents annonce le fameux « Bateau ivre » de Rimbaud, qui a sûrement lu ce poème. C’est top. Je vais l’offrir à la réfléxion de mes élèves demain, qui vont le « goûter » comme un mets sublime. Isah

C’est quoi comme type de poème ?

Je voudrais savoir si quelqu’un ne saurait pas à quel mouvement littéraire appartient ce poème?

Quand a été écrit ce poème?

Un poème tout simplement magique *u*

Un peu long mais bien.

Magnifique, Il nous fait voyagé !

Magnifique !

Merci pour ce poème. Il est tres beau !!

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La mort, cxxvi.

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Finale magistral des Fleurs du Mal , « Le Voyage » n’apparaît que dans l’édition de 1861. Il rassemble en une pièce polyphonique la plupart des thèmes du recueil. Les huit sections de ce poème épique scandent les étapes d’un voyage initiatique qui mène du berceau à la tombe, de l’émerveillement à l’« amer savoir » et à l’ennui, jusqu’au saut résolu « au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau  ».   LE VOYAGE   A Maxime Du Camp.   I   Pour l’enfant, amoureux de cartes et d’estampes, L’univers est égal à son vaste appétit. Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes ! Aux yeux du souvenir que le monde est petit !   Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme, Le cœur gros de rancune et de désirs amers, Et nous allons, suivant le rythme de la lame, Berçant notre infini sur le fini des mers :   Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme ; D’autres, l’horreur de leurs berceaux, et quelques-uns, Astrologues noyés dans les yeux d’une femme, La Circé tyrannique aux dangereux parfums.   Pour n’être pas changés en bêtes, ils s’enivrent D’espace et de lumière et de cieux embrasés ; La glace qui les mord, les soleils qui les cuivrent, Effacent lentement la marque des baisers.   Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent Pour partir ; cœurs légers, semblables aux ballons, De leur fatalité jamais ils ne s’écartent, Et, sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !   Ceux-là dont les désirs ont la forme des nues, Et qui rêvent, ainsi qu’un conscrit le canon, De vastes voluptés, changeantes, inconnues, Et dont l’esprit humain n’a jamais su le nom !   II   Nous imitons, horreur ! la toupie et la boule Dans leur valse et leurs bonds ; même dans nos sommeils La Curiosité nous tourmente et nous roule, Comme un Ange cruel qui fouette des soleils.   Singulière fortune où le but se déplace, Et, n’étant nulle part, peut être n’importe où ! Où l’homme, dont jamais l’espérance n’est lasse, Pour trouver le repos court toujours comme un fou !   Notre âme est un trois-mâts cherchant son Icarie ; Une voix retentit sur le pont : « Ouvre l’œil ! » Une voix de la hune, ardente et folle, crie : « Amour... gloire... bonheur ! » Enfer ! c’est un écueil !   Chaque îlot signalé par l’homme de vigie Est un Eldorado promis par le Destin ; L’Imagination qui dresse son orgie Ne trouve qu’un récif aux clartés du matin.   Ô le Pauvre amoureux des pays chimériques ! Faut-il le mettre aux fers, le jeter à la mer, Ce matelot ivrogne, inventeur d’Amériques Dont le mirage rend le gouffre plus amer ?   Tel le vieux vagabond, piétinant dans la boue, Rêve, le nez en l’air, de brillants paradis ; Son œil ensorcelé découvre une Capoue Partout où la chandelle illumine un taudis.   III   Etonnants voyageurs ! quelles nobles histoires Nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers ! Montrez-nous les écrins de vos riches mémoires, Ces bijoux merveilleux, faits d’astres et d’éthers.   Nous voulons voyager sans vapeur et sans voile ! Faites, pour égayer l’ennui de nos prisons, Passer sur nos esprits, tendus comme une toile, Vos souvenirs avec leurs cadres d’horizons.   Dites, qu’avez-vous vu ?   IV   « Nous avons vu des astres Et des flots ; nous avons vu des sables aussi ; Et, malgré bien des chocs et d’imprévus désastres, Nous nous sommes souvent ennuyés, comme ici.   La gloire du soleil sur la mer violette, La gloire des cités dans le soleil couchant, Allumaient dans nos cœurs une ardeur inquiète De plonger dans un ciel au reflet alléchant.   Les plus riches cités, les plus grands paysages, Jamais ne contenaient l’attrait mystérieux De ceux que le hasard fait avec les nuages. Et toujours le désir nous rendait soucieux !   – La jouissance ajoute au désir de la force. Désir, vieil arbre à qui le plaisir sert d’engrais, Cependant que grossit et durcit ton écorce, Tes branches veulent voir le soleil de plus près !   Grandiras-tu toujours, grand arbre plus vivace Que le cyprès ? – Pourtant nous avons, avec soin, Cueilli quelques croquis pour votre album vorace, Frères qui trouvez beau tout ce qui vient de loin !   Nous avons salué des idoles à trompe ; Des trônes constellés de joyaux lumineux ; Des palais ouvragés dont la féerique pompe Serait pour vos banquiers un rêve ruineux ;   Des costumes qui sont pour les yeux une ivresse ; Des femmes dont les dents et les ongles sont teints, Et des jongleurs savants que le serpent caresse. »   V   Et puis, et puis encore ?   VI   « Ô cerveaux enfantins ! Pour ne pas oublier la chose capitale, Nous avons vu partout, et sans l’avoir cherché, Du haut jusques en bas de l’échelle fatale, Le spectacle ennuyeux de l’immortel péché :   La femme, esclave vile, orgueilleuse et stupide, Sans rire s’adorant et s’aimant sans dégoût ; L’homme, tyran goulu, paillard, dur et cupide, Esclave de l’esclave et ruisseau dans l’égout ;   Le bourreau qui jouit, le martyr qui sanglote ; La fête qu’assaisonne et parfume le sang ; Le poison du pouvoir énervant le despote, Et le peuple amoureux du fouet abrutissant ;   Plusieurs religions semblables à la nôtre, Toutes escaladant le ciel ; la Sainteté, Comme en un lit de plume un délicat se vautre, Dans les clous et le crin cherchant la volupté ;   L’Humanité bavarde, ivre de son génie, Et, folle maintenant comme elle était jadis, Criant à Dieu, dans sa furibonde agonie : « Ô mon semblable, ô mon maître, je te maudis ! »   Et les moins sots, hardis amants de la Démence, Fuyant le grand troupeau parqué par le Destin, Et se réfugiant dans l’opium immense ! – Tel est du globe entier l’éternel bulletin. »   VII   Amer savoir, celui qu’on tire du voyage ! Le monde, monotone et petit, aujourd’hui, Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image : Une oasis d’horreur dans un désert d’ennui !   Faut-il partir ? rester ? Si tu peux rester, reste ; Pars, s’il le faut. L’un court, et l’autre se tapit Pour tromper l’ennemi vigilant et funeste, Le Temps ! Il est, hélas ! des coureurs sans répit,   Comme le Juif errant et comme les apôtres, A qui rien ne suffit, ni wagon ni vaisseau, Pour fuir ce rétiaire infâme ; il en est d’autres Qui savent le tuer sans quitter leur berceau.   Lorsque enfin il mettra le pied sur notre échine, Nous pourrons espérer et crier : En avant ! De même qu’autrefois nous partions pour la Chine, Les yeux fixés au large et les cheveux au vent,   Nous nous embarquerons sur la mer des Ténèbres Avec le cœur joyeux d’un jeune passager. Entendez-vous ces voix, charmantes et funèbres, Qui chantent : « Par ici ! vous qui voulez manger   Le Lotus parfumé ! c’est ici qu’on vendange Les fruits miraculeux dont votre cœur a faim ; Venez vous enivrer de la douceur étrange De cette après-midi qui n’a jamais de fin ? »   A l’accent familier nous devinons le spectre ; Nos Pylades là-bas tendent leurs bras vers nous. « Pour rafraîchir ton cœur nage vers ton Electre ! » Dit celle dont jadis nous baisions les genoux.   VIII   Ô Mort, vieux capitaine, il est temps ! levons l’ancre ! Ce pays nous ennuie, ô Mort ! Appareillons ! Si le ciel et la mer sont noirs comme de l’encre, Nos cœurs que tu connais sont remplis de rayons !   Verse-nous ton poison pour qu’il nous réconforte ! Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau, Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu’importe ? Au fond de l’Inconnu pour trouver du n ouveau !   Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal , 1861. > Texte intégral : Paris, Poulet-Malassis et de Broise, 1861.  

XiTi

Bohémiens en Voyage, Charles Baudelaire, 1857 : un commentaire composé

Rédigé le 8 mars 2021

8 minutes de lecture

le voyage baudelaire conclusion

  • 01. Le poème
  • 02. Méthode du commentaire composé en poésie
  • 03. Le commentaire du poème

Cristèle

Bohémiens en Voyage   La tribu prophétique aux prunelles ardentes Hier s'est mise en route, emportant ses petits Sur son dos, ou livrant à leurs fiers appétits Le trésor toujours prêt des mamelles pendantes.   Les hommes vont à pied sous leurs armes luisantes Le long des chariots où les leurs sont blottis, Promenant sur le ciel des yeux appesantis Par le morne regret des chimères absentes.   Du fond de son réduit sablonneux, le grillon, Les regardant passer, redouble sa chanson; Cybèle, qui les aime, augmente ses verdures,   Fait couler le rocher et fleurir le désert Devant ces voyageurs, pour lesquels est ouvert L'empire familier des ténèbres futures. Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal , 1857

Qui est Charles Baudelaire ?

Méthode du commentaire composé en poésie

Avant la lecture.

Il faut étudier le paratexte , c'est-à-dire le titre, l'auteur, la date, etc. Ces informations doivent être recoupées avec vos connaissances émanant du cours (courant littéraire, poète, recueil, etc.).

Le titre engage également à des attentes. Il donne des indices sur la nature du poème que le lecteur s'apprête à lire.

En poésie, la forme est décisive : regarder le texte « de loin » permet d'avoir déjà une idée de la démarche du poète :

  • Vers, strophes ?
  • Si vers : vers réguliers, vers libres ?
  • Si vers réguliers : quel type de rimes ?
  • Le nombre de strophes...

En quête de cour de francais pour apprendre à ne plus faire de fautes ?

Pour la lecture

Nous vous conseillons de lire le poème plusieurs fois , avec un stylo à la main qui vous permettra de noter ou souligner une découverte, une idée.

1 ère lecture :

  • Identifier le thème général du poème,
  • Identifier le registre : comique ? pathétique ? lyrique ? etc.,
  • Identifier les procédés d'écriture pour diffuser le sentiment du registre choisi : l'exclamation ? La diérèse ? etc.

2 ème lecture :

  • Dégager le champ lexical ,
  • Place des mots : un mot au début du vers n'a pas la même valeur qu'un mot placé en fin de vers,
  • Déceler les figures de style (généralement très nombreuses dans un poème),
  • Travail sur les rimes : lien entre des mots qui riment, rimes riches ou faibles, etc.,
  • Analyse du rythme avec les règles de métriques.

En filigrane, vous devez garder cette question en tête pour l'analyse des procédés d'écriture : comment le poète diffuse-t-il son thème général et comment fait-il ressentir au lecteur ses émotions ?

Rédaction du commentaire

Ici, nous détaillerons par l'italique les différents moments du développement, mais ils ne sont normalement pas à signaler. De même, il ne doit pas figurer de tableaux dans votre commentaire composé. Les listes à puces sont également à éviter, tout spécialement pour l'annonce du plan.

En outre, votre commentaire ne doit pas être aussi long que celui ici, qui a pour objectif d'être exhaustif. Vous n'aurez jamais le temps d'écrire autant !

Le commentaire du poème

Introduction.

Publié pour la première fois en 1857, « Bohémiens en Voyage » est le treizième poème de toutes les éditions des   Fleurs du mal . Dans cette oeuvre, Baudelaire semble rendre hommage aux Bohémiens , peuple du voyage, dont il décrit les attitudes et les avancées.

« Bohémiens » est un des noms donnés aux tziganes, populations originaires de l'Inde, apparues en Europe au XIVème siècle, dont certaines menèrent (et mènent aujourd'hui encore) une vie nomade. On les appela ainsi puisqu'on supputait qu'ils venaient de l'ancien royaume de Bohême (aujourd'hui en République Tchèque). Ils prennent également le nom de Roms (pour la Roumanie) ou encore de Gypsies (pour l'Egypte).

Dans l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, on les décrit comme des « vagabonds qui font profession de dire la bonne aventure, à l'inspection des mains. Leur talent est de chanter, danser, et voler. » Baudelaire, lui, semble s'être inspiré d'une gravure de Jacques Callot, donnant à ses sujets de représentation une dimension particulière.

Car en invoquant le monde mystique et la Nature, il semble qu'il conduise une analogie qui dépasse la simple description .

Annonce de la problématique

Dès lors, en quoi les Bohémiens se font-ils les égaux du poète ?

Annonce du plan

Nous verrons dans un premier temps comment Baudelaire pose les Bohémiens comme des marginaux de la société. Dans un second temps, nous analyserons les pouvoirs qu'ont en commun poètes et Bohémiens.

De qui s'inspire Baudelaire pour le tableau des Bohémiens ?

Développement

La description de marginaux, un groupe autonome et unifié.

Dès le premier vers, le lecteur trouve « tribu prophétique », c’est-à-dire une singularisation du groupe avec le pronom singulier défini « la ». Les bohémiens ne font qu’un , et le premier vers ne semble donner que deux prunelles pour tout ce groupe, qui se présente comme un seul corps.

Les bohémiens paraissent bien n’être qu’un gigantesque corps , qu’un seul animal, dans ce premier vers :

  • On trouve le possessif au singulier « son », comme si la tribu n’avait qu’un seul dos
  • « ses petits » ne sont pas différenciés : les enfants sont à tout le monde, et la parentalité ne paraît pas importer. En outre, on peut noter que la locution « petit » fait référence au monde animal plutôt qu’au monde humain.

Il faut en outre noter que le premier quatrain n’est qu’une seule et même phrase, ajoutant encore à l’impression d’un groupe formant un seul corps .

La marginalité du groupe, autant que son autonomie, sont suggérés par le port des armes , au vers 5 : « armes luisantes ». L’adjectif « luisantes », qui fait référence au métal des armes, ajoute un peu plus à la dangerosité desdites armes, augmentant par-là leurs capacités de défense.

Ces hommes protègent ainsi « les leurs », « blottis » (vers 6) à l’intérieur des chariots, lesquels leur assurent d’être toujours chez eux .

Des voyageurs toujours en mouvement

La temporalité place le groupe de voyageurs dans un mouvement déjà commencé , puisqu’elle s’est mise en route « hier ». Ainsi, elle ne se met pas en route : elle l’est déjà , et, quelque part, elle l’est « toujours » (adverbe de temps que l’on retrouve au quatrième vers). « Hier » pourrait alors s’entendre comme « Depuis la nuit des temps ».

L’évocation des « chariots » rappelle qu’ils sont un peuple de nomades , et qu’ils se déplacent toujours. Le fait que les deux premiers quatrains soient chacun une seule phrase complète, faites d’enjambements, insiste également sur l’impression de mouvements , et renvoie à la marche des bohémiens (confère au vers 5 « Les hommes vont à pied »).

Dans les deux derniers tercets, on trouve un vocabulaire relatif au voyage , qui insiste sur le mouvement pédestre du groupe : « passer », « voyageurs », « ouvert », « empire ».

Surtout, les deux derniers vers annoncent que la « tribu prophétique » continuera encore de marcher une fois l’avènement des « ténèbres futures » (c’est-à-dire la mort), puisqu’ aucune porte, aucune barrière ne les arrêtera.

Qui sont les Bohémiens ?

Pareils aux poètes

Des personnes mystiques.

Dès le début, les bohémiens sont présentés comme une « tribu prophétique », c’est-à-dire qu’ils auraient le don de lire l’avenir sur les lignes de la main.

Mais, parallèlement, l’expression « prunelles ardentes » suggère le feu intérieur des Bohémiens et constitue une métonymie  : ils sont capables de divination. Or, le poème « Correspondances » de Baudelaire ne dit pas autre chose sur les capacités du poète. L’analogie entre la tribu des bohémiens et la figure du poète est donc immédiate.

L’allitération au quatrième vers sur les sons « tr » et « pr » renvoient également à la bestialité de la tribu, qui l’intègre dans la Nature plutôt que l’humanité, lui réservant une place particulière dans la cosmogonie.

Plus largement, on trouve tout au long du poème un vocabulaire mystique , qui fait penser à la magie, à la divination  : « ardentes », « trésor », « ciel », « chimères ».

Ces bohémiens semblent aussi, tout comme le poète, susceptibles de souffrir du spleen, devant la dure réalité d’une vie privée de cette même mystique dont ils sont pourtant les garants. Le vers 8 invite à penser ce manque, avec l’adjectif « morne », associé au nom commun « regret », qui est une association dépréciative. Car les chimères sont bien « absentes ».

Le passage au mystique se fait, conformément à la tradition du sonnet, à partir du premier tercet  : la perspective change, les Bohémiens ne sont plus souffrants, mais plutôt parties prenantes d’une nature magnifique.

Le poème lui-même se termine sur la référence à des « ténèbres futures », dont ils sont « familier[s] », tout comme le poète qui connaît les mondes parallèles . Cette référence (« l’empire familier », c’est-à-dire un empire qu’ils connaissent déjà) fait elle-même écho au premier groupe nominal du poème, qui qualifiait les Bohémiens de « tribu prophétique », donc capable d’anticiper l’avenir.

Qui sont démiurges

Mais pareil au poète, la tribu bohémienne est également toujours prête à produire, à créer, c'est-à-dire qu'ils sont  démiurges  (= créateurs, animateurs d'un monde).

D’abord, elle est féconde, puisqu’elle contient en son sein « ses petits » (vers 2). Mais pour ces petits, elle a un « trésor toujours prêt », c’est-à-dire qu’elle peut toujours leur offrir du lait, symbole ultime de la fécondité.

Que dit Baudelaire des Bohémiens dans son poème ?

Mais leur passage sur la terre, qu’ils foulent des pieds, provoque une symbiose tout aussi féconde. Ainsi, le grillon, lorsqu’il les voit passer, « redouble sa chanson » (vers 10) : c’est dire qu’ils mettent en joie la nature, puisqu’ils la font chanter.

La référence à Cybèle, qui est la déesse grecque personnifiant la nature sauvage, la « Magna Mater » (Mère des Dieux), achève de confirmer la toute-puissance des Bohémiens . C’est, d’après les vers de Baudelaire, leur marche qui provoque la fécondité même de la nature  (« augmente ses verdures », vers 11). Mais, surtout, ils rendent l’impossible possible , puisque le poète use de deux antithèses pour décrire leurs pouvoirs :

  • « fait couler le rocher », où l’eau naît de la pierre
  • « fleurir le désert », où les plantes naissent dans l’aridité

Les deux derniers vers semblent annoncer l’immortalité des Bohémiens , qui seront en marche même dans les « ténèbres futures », comme s’ils avaient déjà vaincu la mort .

Le poème « Bohémiens en voyage », développe ainsi une allégorie. A travers la figure des voyageurs, Baudelaire suggère que Bohémiens et poètes , pour leur marginalisation de la société autant que pour leur rapport à la nature, sont à une place équivalente .

On pourrait mener une analyse complémentaire en jugeant des capacités « prophétiques » du poète (et donc, du Bohémien) à partir d'une analyse du poème « Correspondances », lui aussi présent dans le recueil Les fleurs du mal .

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le voyage baudelaire conclusion

Ancien étudiant de classe préparatoire b/l (que je recommande à tous les élèves avides de savoir, qui nous lisent ici) et passionné par la littérature, me voilà maintenant auto-entrepreneur pour mêler des activités professionnelles concrètes au sein du monde de l'entreprise, et étudiant en Master de Littératures Comparées pour garder les pieds dans le rêve des mots.

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Les figures de style à savoir : Une métonymie Une périphrase

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Charles Baudelaire's Fleurs du mal / Flowers of Evil

À Maxime du Camp

Pour l'enfant, amoureux de cartes et d'estampes, L'univers est égal à son vaste appétit. Ah! que le monde est grand à la clarté des lampes! Aux yeux du souvenir que le monde est petit!

Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme, Le coeur gros de rancune et de désirs amers, Et nous allons, suivant le rythme de la lame, Berçant notre infini sur le fini des mers:

Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme; D'autres, l'horreur de leurs berceaux, et quelques-uns, Astrologues noyés dans les yeux d'une femme, La Circé tyrannique aux dangereux parfums.

Pour n'être pas changés en bêtes, ils s'enivrent D'espace et de lumière et de cieux embrasés; La glace qui les mord, les soleils qui les cuivrent, Effacent lentement la marque des baisers.

Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent Pour partir; coeurs légers, semblables aux ballons, De leur fatalité jamais ils ne s'écartent, Et, sans savoir pourquoi, disent toujours: Allons!

Ceux-là dont les désirs ont la forme des nues, Et qui rêvent, ainsi qu'un conscrit le canon, De vastes voluptés, changeantes, inconnues, Et dont l'esprit humain n'a jamais su le nom!

Nous imitons, horreur! la toupie et la boule Dans leur valse et leurs bonds; même dans nos sommeils La Curiosité nous tourmente et nous roule Comme un Ange cruel qui fouette des soleils.

Singulière fortune où le but se déplace, Et, n'étant nulle part, peut être n'importe où! Où l'Homme, dont jamais l'espérance n'est lasse, Pour trouver le repos court toujours comme un fou!

Notre âme est un trois-mâts cherchant son Icarie; Une voix retentit sur le pont: «Ouvre l'oeil!» Une voix de la hune, ardente et folle, crie: «Amour... gloire... bonheur!» Enfer! c'est un écueil!

Chaque îlot signalé par l'homme de vigie Est un Eldorado promis par le Destin; L'Imagination qui dresse son orgie Ne trouve qu'un récif aux clartés du matin.

Ô le pauvre amoureux des pays chimériques! Faut-il le mettre aux fers, le jeter à la mer, Ce matelot ivrogne, inventeur d'Amériques Dont le mirage rend le gouffre plus amer?

Tel le vieux vagabond, piétinant dans la boue, Rêve, le nez en l'air, de brillants paradis; Son oeil ensorcelé découvre une Capoue Partout où la chandelle illumine un taudis.

Etonnants voyageurs! quelles nobles histoires Nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers! Montrez-nous les écrins de vos riches mémoires, Ces bijoux merveilleux, faits d'astres et d'éthers.

Nous voulons voyager sans vapeur et sans voile! Faites, pour égayer l'ennui de nos prisons, Passer sur nos esprits, tendus comme une toile, Vos souvenirs avec leurs cadres d'horizons.

Dites, qu'avez-vous vu?

«Nous avons vu des astres Et des flots, nous avons vu des sables aussi; Et, malgré bien des chocs et d'imprévus désastres, Nous nous sommes souvent ennuyés, comme ici.

La gloire du soleil sur la mer violette, La gloire des cités dans le soleil couchant, Allumaient dans nos coeurs une ardeur inquiète De plonger dans un ciel au reflet alléchant.

Les plus riches cités, les plus grands paysages, Jamais ne contenaient l'attrait mystérieux De ceux que le hasard fait avec les nuages. Et toujours le désir nous rendait soucieux!

— La jouissance ajoute au désir de la force. Désir, vieil arbre à qui le plaisir sert d'engrais, Cependant que grossit et durcit ton écorce, Tes branches veulent voir le soleil de plus près!

Grandiras-tu toujours, grand arbre plus vivace Que le cyprès? — Pourtant nous avons, avec soin, Cueilli quelques croquis pour votre album vorace Frères qui trouvez beau tout ce qui vient de loin!

Nous avons salué des idoles à trompe; Des trônes constellés de joyaux lumineux; Des palais ouvragés dont la féerique pompe Serait pour vos banquiers un rêve ruineux;

Des costumes qui sont pour les yeux une ivresse; Des femmes dont les dents et les ongles sont teints, Et des jongleurs savants que le serpent caresse.»

Et puis, et puis encore?

«Ô cerveaux enfantins!

Pour ne pas oublier la chose capitale, Nous avons vu partout, et sans l'avoir cherché, Du haut jusques en bas de l'échelle fatale, Le spectacle ennuyeux de l'immortel péché:

La femme, esclave vile, orgueilleuse et stupide, Sans rire s'adorant et s'aimant sans dégoût; L'homme, tyran goulu, paillard, dur et cupide, Esclave de l'esclave et ruisseau dans l'égout;

Le bourreau qui jouit, le martyr qui sanglote; La fête qu'assaisonne et parfume le sang; Le poison du pouvoir énervant le despote, Et le peuple amoureux du fouet abrutissant;

Plusieurs religions semblables à la nôtre, Toutes escaladant le ciel; la Sainteté, Comme en un lit de plume un délicat se vautre, Dans les clous et le crin cherchant la volupté;

L'Humanité bavarde, ivre de son génie, Et, folle maintenant comme elle était jadis, Criant à Dieu, dans sa furibonde agonie: »Ô mon semblable, mon maître, je te maudis!«

Et les moins sots, hardis amants de la Démence, Fuyant le grand troupeau parqué par le Destin, Et se réfugiant dans l'opium immense! — Tel est du globe entier l'éternel bulletin.»

Amer savoir, celui qu'on tire du voyage! Le monde, monotone et petit, aujourd'hui, Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image: Une oasis d'horreur dans un désert d'ennui!

Faut-il partir? rester? Si tu peux rester, reste; Pars, s'il le faut. L'un court, et l'autre se tapit Pour tromper l'ennemi vigilant et funeste, Le Temps! Il est, hélas! des coureurs sans répit,

Comme le Juif errant et comme les apôtres, À qui rien ne suffit, ni wagon ni vaisseau, Pour fuir ce rétiaire infâme; il en est d'autres Qui savent le tuer sans quitter leur berceau.

Lorsque enfin il mettra le pied sur notre échine, Nous pourrons espérer et crier: En avant! De même qu'autrefois nous partions pour la Chine, Les yeux fixés au large et les cheveux au vent,

Nous nous embarquerons sur la mer des Ténèbres Avec le coeur joyeux d'un jeune passager. Entendez-vous ces voix charmantes et funèbres, Qui chantent: «Par ici vous qui voulez manger

Le Lotus parfumé! c'est ici qu'on vendange Les fruits miraculeux dont votre coeur a faim; Venez vous enivrer de la douceur étrange De cette après-midi qui n'a jamais de fin!»

À l'accent familier nous devinons le spectre; Nos Pylades là-bas tendent leurs bras vers nous. «Pour rafraîchir ton coeur nage vers ton Electre!» Dit celle dont jadis nous baisions les genoux.

Ô Mort, vieux capitaine, il est temps! levons l'ancre! Ce pays nous ennuie, ô Mort! Appareillons! Si le ciel et la mer sont noirs comme de l'encre, Nos coeurs que tu connais sont remplis de rayons!

Verse-nous ton poison pour qu'il nous réconforte! Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau, Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe? Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau !

— Charles Baudelaire

To Maxime du Camp

To a child who is fond of maps and engravings The universe is the size of his immense hunger. Ah! how vast is the world in the light of a lamp! In memory's eyes how small the world is!

One morning we set out, our brains aflame, Our hearts full of resentment and bitter desires, And we go, following the rhythm of the wave, Lulling our infinite on the finite of the seas:

Some, joyful at fleeing a wretched fatherland; Others, the horror of their birthplace; a few, Astrologers drowned in the eyes of some woman, Some tyrannic Circe with dangerous perfumes.

Not to be changed into beasts, they get drunk With space, with light, and with fiery skies; The ice that bites them, the suns that bronze them, Slowly efface the bruise of the kisses.

But the true voyagers are only those who leave Just to be leaving; hearts light, like balloons, They never turn aside from their fatality And without knowing why they always say: "Let's go!"

Those whose desires have the form of the clouds, And who, as a raw recruit dreams of the cannon, Dream of vast voluptuousness, changing and strange, Whose name the human mind has never known!

Horror! We imitate the top and bowling ball, Their bounding and their waltz; even in our slumber Curiosity torments us, rolls us about, Like a cruel Angel who lashes suns.

Singular destiny where the goal moves about, And being nowhere can be anywhere! Toward which Man, whose hope never grows weary, Is ever running like a madman to find rest!

Our soul's a three-master seeking Icaria; A voice resounds upon the bridge: "Keep a sharp eye!" From aloft a voice, ardent and wild, cries: "Love... glory... happiness!" Damnation! It's a shoal!

Every small island sighted by the man on watch Is the Eldorado promised by Destiny; Imagination preparing for her orgy Finds but a reef in the light of the dawn.

O the poor lover of imaginary lands! Must he be put in irons, thrown into the sea, That drunken tar, inventor of Americas, Whose mirage makes the abyss more bitter?

Thus the old vagabond tramping through the mire Dreams with his nose in the air of brilliant Edens; His enchanted eye discovers a Capua Wherever a candle lights up a hut.

Astonishing voyagers! What splendid stories We read in your eyes as deep as the seas! Show us the chest of your rich memories, Those marvelous jewels, made of ether and stars.

We wish to voyage without steam and without sails! To brighten the ennui of our prisons, Make your memories, framed in their horizons, Pass across our minds stretched like canvasses.

Tell us what you have seen.

"We have seen stars And waves; we have also seen sandy wastes; And in spite of many a shock and unforeseen Disaster, we were often bored, as we are here.

The glory of sunlight upon the purple sea, The glory of cities against the setting sun, Kindled in our hearts a troubling desire To plunge into a sky of alluring colors.

The richest cities, the finest landscapes, Never contained the mysterious attraction Of the ones that chance fashions from the clouds And desire was always making us more avid!

— Enjoyment fortifies desire. Desire, old tree fertilized by pleasure, While your bark grows thick and hardens, Your branches strive to get closer to the sun!

Will you always grow, tall tree more hardy Than the cypress? — However, we have carefully Gathered a few sketches for your greedy album, Brothers who think lovely all that comes from afar!

We have bowed to idols with elephantine trunks; Thrones studded with luminous jewels; Palaces so wrought that their fairly-like splendor Would make your bankers have dreams of ruination;

And costumes that intoxicate the eyes; Women whose teeth and fingernails are dyed And clever mountebanks whom the snake caresses."

And then, and then what else?

"O childish minds!

Not to forget the most important thing, We saw everywhere, without seeking it, From the foot to the top of the fatal ladder, The wearisome spectacle of immortal sin:

Woman, a base slave, haughty and stupid, Adoring herself without laughter or disgust; Man, a greedy tyrant, ribald, hard and grasping, A slave of the slave, a gutter in the sewer;

The hangman who feels joy and the martyr who sobs, The festival that blood flavors and perfumes; The poison of power making the despot weak, And the people loving the brutalizing whip;

Several religions similar to our own, All climbing up to heaven; Saintliness Like a dilettante who sprawls in a feather bed, Seeking voluptuousness on horsehair and nails;

Prating humanity, drunken with its genius, And mad now as it was in former times, Crying to God in its furious death-struggle: 'O my fellow, O my master, may you be damned!'

The less foolish, bold lovers of Madness, Fleeing the great flock that Destiny has folded, Taking refuge in opium's immensity! — That's the unchanging report of the entire globe."

Bitter is the knowledge one gains from voyaging! The world, monotonous and small, today, Yesterday, tomorrow, always, shows us our image: An oasis of horror in a desert of ennui!

Must one depart? Remain? If you can stay, remain; Leave, if you must. One runs, another hides To elude the vigilant, fatal enemy, Time! There are, alas! those who rove without respite,

Like the Wandering Jew and like the Apostles, Whom nothing suffices, neither coach nor vessel, To flee this infamous retiary; and others Who know how to kill him without leaving their cribs.

And when at last he sets his foot upon our spine, We can hope and cry out: Forward! Just as in other times we set out for China, Our eyes fixed on the open sea, hair in the wind,

We shall embark on the sea of Darkness With the glad heart of a young traveler. Do you hear those charming, melancholy voices Singing: "Come this way! You who wish to eat

The perfumed Lotus! It's here you gather The miraculous fruits for which your heart hungers; Come and get drunken with the strange sweetness Of this eternal afternoon?"

By the familiar accent we know the specter; Our Pylades yonder stretch out their arms towards us. "To refresh your heart swim to your Electra!" Cries she whose knees we kissed in other days.

O Death, old captain, it is time! let's weigh anchor! This country wearies us, O Death! Let us set sail! Though the sea and the sky are black as ink, Our hearts which you know well are filled with rays of light

Pour out your poison that it may refresh us! This fire burns our brains so fiercely, we wish to plunge To the abyss' depths, Heaven or Hell, does it matter? To the depths of the Unknown to find something new!"

— William Aggeler, The Flowers of Evil (Fresno, CA: Academy Library Guild, 1954)

For children crazed with postcards, prints, and stamps All space can scarce suffice their appetite. How vast the world seems by the light of lamps, But in the eyes of memory how slight!

One morning we set sail, with brains on fire, And hearts swelled up with rancorous emotion, Balancing, to the rhythm of its lyre, Our infinite upon the finite ocean.

Some wish to leave their venal native skies, Some flee their birthplace, others change their ways, Astrologers who've drowned in Beauty's eyes, Tyrannic Circe with the scent that slays.

Not to be changed to beasts, they have their fling With space, and splendour, and the burning sky, The suns that bronze them and the frosts that sting Efface the mark of kisses by and by.

But the true travellers are those who go Only to get away: hearts like balloons Unballasted, with their own fate aglow, Who know not why they fly with the monsoons:

Those whose desires are in the shape of clouds. And dream, as raw recruits of shot and shell, Of mighty raptures in strange, transient crowds Of which no human soul the name can tell.

Horror! We imitate the top and bowl In swerve and bias. Through our sleep it runs. It's Curiosity that makes us roll As the fierce Angel whips the whirling suns.

Singular game! where the goal changes places; The winning-post is nowhere, yet all round; Where Man tires not of the mad hope he races Thinking, some day, that respite will be found.

Our soul's like a three-master, where one hears A voice that from the bridge would warn all hands. Another from the foretop madly cheers "Love, joy, and glory" ... Hell! we're on the sands!

The watchmen think each isle that heaves in view An Eldorado, shouting their belief. Imagination riots in the crew Who in the morning only find a reef.

The fool that dotes on far, chimeric lands — Put him in irons, or feed him to the shark! The drunken sailor's visionary lands Can only leave the bitter truth more stark.

So some old vagabond, in mud who grovels, Dreams, nose in air, of Edens sweet to roam. Wherever smoky wicks illumine hovels He sees another Capua or Rome.

Amazing travellers, what noble stories We read in the deep oceans of your gaze! Show us your memory's casket, and the glories Streaming from gems made out of stars and rays!

We, too, would roam without a sail or steam, And to combat the boredom of our jail, Would stretch, like canvas on our souls, a dream, Framed in horizons, of the seas you sail.

What have you seen?

"We have seen stars and waves. We have seen sands and shores and oceans too, In spite of shocks and unexpected graves, We have been bored, at times, the same as you.

The solar glories on the violet ocean And those of spires that in the sunset rise, Lit, in our hearts, a yearning, fierce emotion To plunge into those ever-luring skies.

The richest cities and the scenes most proud In nature, have no magic to enamour Like those which hazard traces in the cloud While wistful longing magnifies their glamour.

Enjoyment adds more fuel for desire, Old tree, to which all pleasure is manure; As the bark hardens, so the boughs shoot higher, And nearer to the sun would grow mature.

Tree, will you always flourish, more vivacious Than cypress? — None the less, these views are yours: We took some photographs for your voracious Album, who only care for distant shores.

We have seen idols elephantine-snouted, And thrones with living gems bestarred and pearled, And palaces whose riches would have routed The dreams of all the bankers in the world.

We have seen wonder-striking robes and dresses, Women whose nails and teeth the betel stains And jugglers whom the rearing snake caresses."

What then? What then?

"O childish little brains, Not to forget the greatest wonder there — We've seen in every country, without searching, From top to bottom of the fatal stair Immortal sin ubiquitously lurching:

Woman, a vile slave, proud in her stupidity, Self-worshipping, without the least disgust: Man, greedy, lustful, ruthless in cupidity, Slave to a slave, and sewer to her lust:

The torturer's delight, the martyr's sobs, The feasts where blood perfumes the giddy rout: Power sapping its own tyrants: servile mobs In amorous obeisance to the knout:

Some similar religions to our own, All climbing skywards: Sanctity who treasures, As in his downy couch some dainty drone, i In horsehair, nails, and whips, his dearest pleasures.

Prating Humanity, with genius raving, As mad today as ever from the first, Cries in fierce agony, its Maker braving, 'O God, my Lord and likeness, be thou cursed!'

But those less dull, the lovers of Dementia, Fleeing the herd which fate has safe impounded, In opium seek for limitless adventure. — That's all the record of the globe we rounded."

It's bitter knowledge that one learns from travel. The world so small and drab, from day to day, The horror of our image will unravel, A pool of dread in deserts of dismay.

Must we depart, or stay? Stay if you can. Go if you must. One runs: another hides To baffle Time, that fatal foe to man. And there are runners, whom no rest betides,

Like the Apostles or the Wandering Jew, Whom neither ship nor waggon can enable To cheat the retiary. But not a few Have killed him without stirring from their cradle.

But when he sets his foot upon our nape We still can hope and cry "Leave all behind!" As in old times to China we'll escape With eyes turned seawards, hair that fans the wind,

We'll sail once more upon the sea of Shades With heart like that of a young sailor beating. I hear the rich, sad voices of the Trades Who cry "This Way! all you who would be eating

The scented Lotus. Here it is they range The piles of magic fruit. O hungry friend, Come here and swoon away into the strange Trance of an afternoon that has no end."

In the familiar tones we sense the spectre. Our Pylades stretch arms across the seas, "To salve your heart, now swim to your Electra" She cries, of whom we used to kiss the knees.

O Death, old Captain, it is time. Weigh anchor! To sail beyond the doldrums of our days. Though black as pitch the sea and sky, we hanker For space; you know our hearts are full of rays.

Pour us your poison to revive our soul! It cheers the burning quest that we pursue, Careless if Hell or Heaven be our goal, Beyond the known world to seek out the New!

— Roy Campbell, Poems of Baudelaire (New York: Pantheon Books, 1952)

For the boy playing with his globe and stamps, the world is equal to his appetite — how grand the world in the blaze of the lamps, how petty in tomorrow's small dry light!

One morning we lift anchor, full of brave prejudices, prospects, ingenuity — we swing with the velvet swell of the wave, our infinite is rocked by the fixed sea.

Some wish to fly a cheapness they detest, others, their cradles' terror — other stand with their binoculars on a woman's breast, reptilian Circe with her junk and wand.

Not to be turned to reptiles, such men daze themselves with spaces, light, the burning sky; cold toughens them, they bronze in the sun's blaze and dry the sores of their debauchery.

But the true voyagers are those who move simply to move — like lost balloons! Their heart is some old motor thudding in one groove. It says its single phrase, "Let us depart!"

They are like conscripts lusting for the guns; our sciences have never learned to tag their projects and designs — enormous, vague hopes grease the wheels of these automatons!

We imitate, oh horror! tops and bowls in their eternal waltzing marathon; even in sleep, our fever whips and rolls — like a black angel flogging the brute sun.

Strange sport! where destination has no place or name, and may be anywhere we choose — where man, committed to his endless race, runs like a madman diving for repose!

Our soul is a three-master seeking port: a voice from starboard shouts, "We're at the dock!" Another, more elated, cries from port, "Here's dancing, gin and girls!" Balls! it's a rock!

The islands sighted by the lookout seem the El Dorados promised us last night; imagination wakes from its drugged dream, sees only ledges in the morning light.

Poor lovers of exotic Indias, shall we throw you in chains or in the sea? Sailors discovering new Americas, who drown in a mirage of agony!

The worn-out sponge, who scuffles through our slums sees whiskey, paradise and liberty wherever oil-lamps shine in furnished rooms — we see Blue Grottoes, Caesar and Capri.

Stunningly simple Tourists, your pursuit is written in the tear-drops in your eyes! Spread out the packing cases of your loot, your azure sapphires made of seas and skies!

We want to break the boredom of our jails and cross the oceans without oars or steam — give us visions to stretch our minds like sails, the blue, exotic shoreline of your dream!

Tell us, what have you seen?

"We've seen the stars, a wave or two — we've also seen some sand; although we peer through telescopes and spars, we're often deadly bored as you on land.

The shine of sunlight on the violet sea, the roar of cities when the sun goes down; these stir our hearts with restless energy; we worship the Indian Ocean where we drown!

No old chateau or shrine besieged by crowds of crippled pilgrims sets our souls on fire, as these chance countries gathered from the clouds. Our hearts are always anxious with desire.

(Desire, that great elm fertilized by lust, gives its old body, when the heaven warms its bark that winters and old age encrust; green branches draw the sun into its arms.

Why are you always growing taller, Tree — Oh longer-lived than cypress!) Yet we took one or two sketches for your picture-book, Brothers who sell your souls for novelty!

We have salaamed to pagan gods with horns, entered shrines peopled by a galaxy of Buddhas, Slavic saints, and unicorns, so rich Rothschild must dream of bankruptcy!

Priests' robes that scattered solid golden flakes, dancers with tattooed bellies and behinds, charmers supported by braziers of snakes..."

Yes, and what else?

Oh trivial, childish minds!

You've missed the more important things that we were forced to learn against our will. We've been from top to bottom of the ladder, and see only the pageant of immortal sin:

there women, servile, peacock-tailed, and coarse, marry for money, and love without disgust horny, pot-bellied tyrants stuffed on lust, slaves' slaves — the sewer in which their gutter pours!

old maids who weep, playboys who live each hour, state banquets loaded with hot sauces, blood and trash, ministers sterilized by dreams of power, workers who love their brutalizing lash;

and everywhere religions like our own all storming heaven, propped by saints who reign like sybarites on beds of nails and frown — all searching for some orgiastic pain!

Many, self-drunk, are lying in the mud — mad now, as they have always been, they roll in torment screaming to the throne of God: "My image and my lord, I hate your soul!"

And others, dedicated without hope, flee the dull herd — each locked in his own world hides in his ivory-tower of art and dope — this is the daily news from the whole world!

How sour the knowledge travellers bring away! The world's monotonous and small; we see ourselves today, tomorrow, yesterday, an oasis of horror in a desert of ennui!

Shall we move or rest? Rest, if you can rest; move if you must. One runs, but others drop and trick their vigilant antagonist. Time is a runner who can never stop,

the Wandering Jew or Christ's Apostles. Yet nothing's enough; no knife goes through the ribs of this retarius throwing out his net; others can kill and never leave their cribs.

And even when Time's heel is on our throat we still can hope, still cry, "On, on, let's go!" Just as we once took passage on the boat for China, shivering as we felt the blow,

so we now set our sails for the Dead Sea, light-hearted as the youngest voyager. If you look seaward, Traveller, you will see a spectre rise and hear it sing, "Stop, here,

and eat my lotus-flowers, here's where they're sold. Here are the fabulous fruits; look, my boughs bend; eat yourself sick on knowledge. Here we hold time in our hands, it never has to end."

We know the accents of this ghost by heart; our comrade spreads his arms across the seas; "On, on, Orestes. Sail and feast your heart — here's Clytemnestra." Once we kissed her knees.

It's time, Old Captain, lift anchor, sink! The land rots; we shall sail into the night; if now the sky and sea are black as ink our hearts, as you must know, are filled with light.

Only when we drink poison are we well — we want, this fire so burns our brain tissue, to drown in the abyss — heaven or hell, who cares? Through the unknown, we'll find the new.

— Robert Lowell, from Marthiel & Jackson Matthews, eds., The Flowers of Evil (NY: New Directions, 1963)

The child, in love with globes and maps of foreign parts, Finds in the universe no dearth and no defect. How big the world is, seen by lamplight on his charts! How very small the world is, viewed in retrospect.

Some morning we start out; we have a grudge, we itch To hurt someone, get even, — whatever the cause may be, Here we are, leaning to the vessel's roll and pitch, Cradling our infinite upon the finite sea:

People who think their country shameful, who despise Its politics, are here; and men who hate their home; Astrologers, who read the stars in women's eyes Till nearly drowned, stand by the rail and watch the foam;

Men who must run from Circe, or be changed to swine, Go tramping round the deck, drunken with light and air, Thinking that wind and sun and spray that tastes of brine Can clean the lips of kisses, blow perfume from the hair.

But the true travelers are those who leave a port Just to be leaving; hearts light as balloons, they cry, "Come on! There's a ship sailing! Hurry! Time's getting short!" And pack a bag and board her, — and could not tell you why.

Those whose desires assume the shape of mist or cloud; Who long for, as the raw recruit longs for his gun, Voluptuousness immense and changing, by the crowd Unguessed, and never known by name to anyone.

So, like a top, spinning and waltzing horribly, Or bouncing like a ball, we go, — even in profound Slumber tormented, rolled by Curiosity Like hoops, as some hard Angel whips the suns around.

Bizarre phenomenon, this goal that changes place! — And, being nowhere, can be any port of call! Where Man, whose hope is never out of breath, will race Madly, to find repose, just anywhere at all!

Our soul before the wind sails on, Utopia-bound; A voice calls from the deck, "What's that ahead there? — land?" A voice from the dark crow's-nest — wild, fanatic sound — Shouts "Happiness! Glory! Love!" — it's just a bank of sand!

Each little island sighted by the watch at night Becomes an Eldorado, is in his belief The Promised Land; Imagination soars; despite The fact that every dawn reveals a barren reef.

Poor fellow, sick with love for that which never was! Put him in irons — must we? — throw him overboard? Mad, drunken tar, inventor of Americas... Which, fading, make the void more bitter, more abhorred.

So the old trudging tramp, befouled by muck and mud, Ever before his eyes keeps Paradise in sight, And sniffs with nose in air a steaming Lotus bud, Wherever humble people sup by candlelight.

Astonishing, you are, you travelers, — your eyes Are deep as the sea's self; what stories they withhold! Open for us the chest of your rich memories! Show us those treasures, wrought of meteoric gold!

We'd like, though not by steam or sail, to travel, too! Brighten our prisons, please! Our days are all the same! Paint on our spirits, stretched like canvases for you, Your memories, that have horizons for their frame!

"What have we seen? — oh, well, We have seen waves, seen stars, seen quite a bit of sand; We have been shipwrecked once or twice; but, truth to tell, It's just as dull as here in any foreign land.

The glory of the sun upon the violet sea, The glory of the castles in the setting sun, Saddened us, made us restless, made us long to be Under some magic sky, some unfamiliar one.

Truly, the finest cities, the most famous views, Were never so attractive or mysterious As those we saw in clouds. But it was all no use, We had to keep on going — that's the way with us.

— Fulfillment only adds fresh fuel to the blaze. (Desire! — old tree that pasture on pleasure and grow fat, Your bark grows harder, thicker, with the passing days, But you are set to reach the sun, for all of that!

Shall you grow on for ever, tall tree — -must you outdo The cypress?) Still, we have collected, we may say, For your voracious album, with care, a sketch or two, Brothers, to whom all's fine that comes from far away.

We have bowed down to bestial idols; we have seen Baldaquined thrones inlaid with every kind of gem; Palaces, silver pillars with marble lace between — Ruinous for your bankers even to dream of them — ;

Processions, coronations, — such costumes as we lack Tongue to describe — seen cobras dance, and watched them kiss The juggler's mouth; seen women with nails and teeth stained black."

And then? — and then?

"You childrenI! Do you want more of this?

Well, then, and most impressive of all: you cannot go Anywhere, and not witness — it's thrust before your eyes — On every rung of the ladder, the high as well as the low, The tedious spectacle of sin-that-never-dies.

Woman, vile slave, adoring herself, ridiculous And unaware of it, too stupid and too vain; And man, the pompous tyrant, greedy, cupidinous And hard, slave of a slave, and gutter into the drain.

The headsman happy in his work, the victim's shriek; Banquets where blood has peppered the pot, perfumed the fruits; Poison of too much power making the despot weak; The people all in love with the whip which keeps them brutes;

Divers religions, all quite similar to ours, Each promising salvation and life; Saints everywhere, Who might as well be wallowing on feather beds and flowers As getting so much pleasure from those hair shirts they wear.

Humanity, still talking too much, drunken and proud As ever of its talents, to mighty God on high In anguish and in furious wrath shouting aloud, 'Master, made in my image! I curse Thee! Mayst Thou die!'

Not all, of course, are quite such nit-wits; there are some Who, sickened by the norm, and paying serious court To Madness, seeking refuge, turn to opium. We've been around the world; and this is our report."

Bitter the knowledge gained from travel... What am I? The small monotonous world reflects me everywhere: Yesterday, now, tomorrow, for ever — in a dry Desert of boredom, an oasis of despair!

Shall I go on? — stay here? Stay here, exhausted man! Yet, if you must, go on — keep under cover — flee — Try to outwit the watchful enemy if you can — Sepulchral Time! Alas, how many there must be

Constrained like the apostles, like the wandering Jew, To journey without respite over dust and foam To dodge the net of Time! — and there are others, who Have quietly killed him, never having stirred from home.

Yet, when his foot is on our spine, one hope at least Remains: wriggle from under! Onward! The untrod track! Just as we once set forth for China and points east, Wide eyes on the wide sea, and hair blown stiffly back,

We shall embark upon the Sea of Shadows, gay As a young passenger on his first voyage out... What are those sweet, funereal voices? "Come this way, All ye that are in trouble! — all ye that are in doubt!

"Ye that would drink of Lethe and eat of Lotus-flowers, Here are miraculous fruits! — here, harvested, are piled All things the heart has missed! Drink, through the long, sweet hours Of that clear afternoon never by dusk defiled!"

We know this ghost — those accents! — Pylades! comforter And friend! — his arms outstretched! — ah, and this ghost we know, That calls, "I am Electra! Come! — the voice of her Whose lost, belovèd knees we kissed so long ago.

Oh, Death, old captain, hoist the anchor! Come, cast off! We've seen this country, Death! We're sick of it! Let's go! The sky is black; black is the curling crest, the trough Of the deep wave; yet crowd the sail on, even so!

Pour us your poison wine that makes us feel like gods! Our brains are burning up! — there's nothing left to do But plunge into the void! — hell? heaven? — what's the odds? We're bound for the Unknown, in search of something new!

— Edna St. Vincent Millay, Flowers of Evil (NY: Harper and Brothers, 1936)

For kids agitated by model machines, adventures hierarchy and technology The indulgent reins of government sponsorship/research can quell their excitement. How enormous is the world to newly matriculated students Compared to the voices of their professors that only Itch to sound slights.

One day the door of the wonder world swings open And the power of insight seems lastingly your own. Aspects of the visible universe submit to command While invisible spheres, slyly proud/hiddenly sentient. Surrender the laughter of fright.

After balancing our checkbooks we want to inspect the ether Noting that some friends have already submitted to vain indifference. We highlight the maps to mark lightly traveled roads and Kill the habit that reinforces slaking off or hanging it out..

Indefiniteness projects itself onto the roof of our skulls. Those who stay home protect themselves from accidental conceptions. Their fear of space gets the unsmiling lips Furnished by the domestic bedroom and The blissfully meaningless kiss.

The travelers to join with are those who want to Escape the little emotions So susceptible to death They can't even last the night. Screw them whose desires are limp And dote on the Chimeric possibility of a lottery win.

The transitions make themselves available to us in sleep. Caring about what meets us in the morning is our Protean enemy. Relying on the fast take, the object has no time to change its face. We can't expect recompense if there's no footage to show the backers. A loping fatter scam that will skin pop us is a day very much past.

Our soul's simply a razzing match where one voice blabbers That stupid mistakes will bust the budget while another mumbles That no matter how smoothly things go, waste is inevitable. A third cynic from his boom, "Love, joy, happiness, creative glory!" The tantalization of possible awards will jerk us through" After endless rushes, imagination seizes the crew, but Next morning they find their masterpiece underexposed.

Amazing travelers, what fantastic stories you tell! What a bottomless incurvation to your eyes. Show us the streaming gems from the memory chest The mirroring beads of anecdote and hilarity. We'd also Like to think it possible to combat the tediousness of these bourgeois prisons. We'll stretch the canvas, prepare the paints and brushes Willing to take a month or even a year to make ourselves great. What have you seen?

We've been to see the priests who diet on lost brains And read the future in hallucinogenic dreams. In spite of a lot of unexpected deaths, We were bored, the same as you.

The solar glories on an early morning violet ocean Lit our depressions while the fiercely empty sunsets Felt like cortisone injections into the knee. But even the richest cities and riskiest gambols can't Make up for encounters that strand you Nowhere Longing for convention, tasting the tears of aloneness.

The mining of every physical pleasure kept our desire kindled Even though sensation is a manure the world provides in overabundance. But really, your views would be ours if you'd been out. Look at these photos we've taken to convince you of that truth.

You'll meet females more exciting Than the magazines ever offer. They know it and shame you Before they treat you to themselves In wicked doses.

We have seen a techno army wipe out battalions Of the simple enemy in a single hour and Couldn't help but drink blood and eat still Fresh hearts since there was no potable water or food Anywhere. We saw troves of patents in the Sony Fortress that Would have given Joe American Five-hundred years of wet dreams.

Oh yeah, and then?

People proud of stupidity's strength, The autoerotic nightmare tortured to fulfillment Mercenaries ruthlessly adventuring to worship Unquenchable lusts. Power sapping its users, Similar religions crying, "Pie in the sky, for believers, No help for others!" All the outmoded geniuses once using Useful metaphors, madly prating. Those less dull, fleeing Through alcohol and drugs the shadows.

It's bitter if you let it cool, The world so drab from day to day So terrifying that any image made in it Can be splashed perfunctorily away. Shall we go or stay? Stay if you can Go if you must. The scented lotus has not been For us. The heart cannot be salved. There's no Electra to swim to and kiss lovingly on the knee.

Death, Old Captain, it's time, Your hand on the stick, Send us out beyond the doldrums of our days. We hanker for space. You know our hearts Are cleft with thorns. Agonize us again! Shoot us enough to make us cynical of the known worlds And desperate for the new.

— Will Schmitz

... the traveller finds the earth a bitter school! a dwindled waste, which boredom amplifies! where trite oases from each muddy pool one thing reflect: his horror-haunted eyes!

must we depart or stay? if needs be, go; stay if ye can. One runs, another hides to cheat that vigilant, remorseless foe, old Time! and runners tireless, besides,

like the Apostles and the Wandering Jew, have found no courser swift enough to baulk that monster with his net, whom others knew how to destroy before they learned to walk.

but when at last It stands upon our throats, then we can shout exulting: forward now! as once to Asian shores we launched our boats, with wind-blown hair and seaward-gazing brow,

we shall push off upon Night's shadowy Sea, blithely as one embarking when a boy; o soft funereal voices calling thee, hark to their chant: "come, ye who would enjoy

the fragrant sorcery of the lotus-flower! come! with the long-craved fruit ye shall commune, drunk with the sweetness and the drowsy power of this enchanted endless afternoon!"

we know the phantom by its old behest; yonder our mates hold beckoning arms toward ours, "come, cool thy heart on my refreshing breast!" cries she whose knees we kissed in happier hours.

cast off, old Captain Death! the time has come! we hate this weary shore and would depart! though sea and sky are drowned in murky gloom, thy beckoning flames blaze high in every heart!

pour out, to comfort us, thy poison-brew! so burnt our souls with fires implacable, into the Pit unplumbed, to find the New, we'd plunge, nor care if it were Heaven nor Hell!

(The original publication only includes this portion of the poem.)

— Lewis Piaget Shanks, Flowers of Evil (New York: Ives Washburn, 1931)

The world is equal to the child's desire Who plays with pictures by his nursery fire — How vast the world by lamplight seems! How small When memory's eyes look back, remembering all! —

One morning we set forth with thoughts aflame, Or heart o'erladen with desire or shame; And cradle, to the song of surge and breeze, Our own infinity on the finite seas.

Some flee the memory of their childhood's home; And others flee their fatherland; and some, Star-gazers drowned within a woman's eyes, Flee from the tyrant Circe's witcheries;

And, lest they still be changed to beasts, take flight For the embrasured heavens, and space, and light, Till one by one the stains her kisses made In biting cold and burning sunlight fade.

But the true voyagers are they who part From all they love because a wandering heart Drives them to fly the Fate they cannot fly; Whose call is ever "On!" — they know not why.

Their thoughts are like the clouds that veil a star They dream of change as warriors dream of war; And strange wild wishes never twice the same: Desires no mortal man can give a name.

We are like whirling tops and rolling balls — For even when the sleepy night-time falls, Old Curiosity still thrusts us on, Like the cruel Angel who goads forth the sun.

The end of fate fades ever through the air, And, being nowhere, may be anywhere Where a man runs, hope waking in his breast, For ever like a madman, seeking rest.

Our souls are wandering ships outweari�d; And one upon the bridge asks: "What's ahead?" The topman's voice with an exultant sound Cries: "Love and Glory!" — then we run aground.

Each isle the pilot signals when 'tis late, Is El Dorado, promised us by fate — Imagination, spite of her belief, Finds, in the light of dawn, a barren reef.

Oh the poor seeker after lands that flee! Shall we not bind and cast into the sea This drunken sailor whose ecstatic mood Makes bitterer still the water's weary flood?

Such is an old tramp wandering in the mire, Dreaming the paradise of his own desire, Discovering cities of enchanted sleep Where'er the light shines on a rubbish heap.

Strange voyagers, what tales of noble deeds Deep in your dim sea-weary eyes one reads! Open the casket where your memories are, And show each jewel, fashioned from a star;

For I would travel without sail or wind, And so, to lift the sorrow from my mind, Let your long memories of sea-days far fled Pass o'er my spirit like a sail outspread.

"We have seen waves and stars, And lost sea-beaches, and known many wars, And notwithstanding war and hope and fear, We were as weary there as we are here.

"The lights that on the violet sea poured down, The suns that set behind some far-off town, Lit in our hearts the unquiet wish to fly Deep in the glimmering distance of the sky;

"The loveliest countries that rich cities bless, Never contained the strange wild loveliness By fate and chance shaped from the floating cloud — And we were always sorrowful and proud!

"Desire from joy gains strength in weightier measure. Desire, old tree who draw'st thy sap from pleasure, Though thy bark thickens as the years pass by, Thine arduous branches rise towards the sky;

"And wilt thou still grow taller, tree more fair Than the tall cypress? — Thus have we, with care, "Gathered some flowers to please your eager mood, Brothers who dream that distant things are good!

"We have seen many a jewel-glimmering throne; And bowed to Idols when wild horns were blown In palaces whose faery pomp and gleam To your rich men would be a ruinous dream;

"And robes that were a madness to the eyes; Women whose teeth and nails were stained with dyes; Wise jugglers round whose neck the serpent winds — — "

And then, and then what more?

"Forget not that which we found everywhere, From top to bottom of the fatal stair, Above, beneath, around us and within, The weary pageant of immortal sin.

"We have seen woman, stupid slave and proud, Before her own frail, foolish beauty bowed; And man, a greedy, cruel, lascivious fool, Slave of the slave, a ripple in a pool;

"The martyrs groan, the headsman's merry mood; And banquets seasoned and perfumed with blood; Poison, that gives the tyrant's power the slip; And nations amorous of the brutal whip;

"Many religions not unlike our own, All in full flight for heaven's resplendent throne; And Sanctity, seeking delight in pain, Like a sick man of his own sickness vain;

"And mad mortality, drunk with its own power, As foolish now as in a bygone hour, Shouting, in presence of the tortured Christ: 'I curse thee, mine own Image sacrificed.'

"And silly monks in love with Lunacy, Fleeing the troops herded by destiny, Who seek for peace in opiate slumber furled — Such is the pageant of the rolling world!"

O bitter knowledge that the wanderers gain! The world says our own age is little and vain; For ever, yesterday, to-day, to-morrow, 'Tis horror's oasis in the sands of sorrow.

Must we depart? If you can rest, remain; Part, if you must. Some fly, some cower in vain, Hoping that Time, the grim and eager foe, Will pass them by; and some run to and fro

Like the Apostles or the Wandering Jew; Go where they will, the Slayer goes there too! And there are some, and these are of the wise, Who die as soon as birth has lit their eyes.

But when at length the Slayer treads us low, We will have hope and cry, "'Tis time to go!" As when of old we parted for Cathay With wind-blown hair and eyes upon the bay.

We will embark upon the Shadowy Sea, Like youthful wanderers for the first time free — Hear you the lovely and funereal voice That sings: _O come all ye whose wandering joys_ _Are set upon the scented Lotus flower,_ _For here we sell the fruit's miraculous boon;_ _Come ye and drink the sweet and sleepy power_ _Of the enchanted, endless afternoon._

O Death, old Captain, it is time, put forth! We have grown weary of the gloomy north; Though sea and sky are black as ink, lift sail! Our hearts are full of light and will not fail.

O pour thy sleepy poison in the cup! The fire within the heart so burns us up That we would wander Hell and Heaven through, Deep in the Unknown seeking something _new_!

— F.P. Sturm, from Baudelaire: His Prose and Poetry , edited by Thomas Robert Smith (New York: Boni and Liveright, 1919)

The Journey

To Maxime du Campe

For the child, adoring cards and prints, The universe fulfils its vast appetite. Ah, how large is the world in the brightness of lamps, How small in the eyes of memory!

We leave one morning, brains full of flame, Hearts full of malice and bitter desires, And we go and follow the rhythm of the waves, Rocking our infinite on the finite of the seas:

Some happy to escape a tainted country Others, the horrors of their cradles; and a few, Astrologers drowned in the eyes of a woman, Some tyrannical Circe of dangerous perfumes.

So not to be transformed into animals, they get drunk On space and light and skies on fire; The biting ice, the suns that turn them copper, Slowly blot out the brand of kisses.

But the true travelers are they who depart For departing's sake; with hearts light as balloons, They never swerve from their destinies, Saying continuously, without knowing why: "Let us go on!"

These have passions formed like clouds; As a recruit of his gun, they dream Of spacious pleasures, transient, little understood, Whose name no human spirit knows.

It is a terrible thought that we imitate The top and the ball in their bounding waltzes; even asleep Curiosity tortures and turns us Like a cruel angel whipping the sun.

Whimsical fortune, whose end is out of place And, being nowhere, can be anywhere! Where Man, in whom Hope is never weary, Runs ever like a madman searching for repose.

Our soul is a brigantine seeking its Icaria: A voice resounds on deck: "Open your eyes!" A hot mad voice from the maintop cries: "Love. Glory. Fortune!" Hell is a rock.

Each little island sighted by the look-out man Becomes another Eldorado, the promise of Destiny; Imagination, setting out its revels, Finds but a reef in the morning light.

O the poor lover of chimerical lands! Must one put him in irons, throw him in the water, This drunken sailor, contriver of those Americas Whose glimpses make the gulfs more bitter?

Thus the old vagabond, tramping through the mud, With his nose in the air, dreams of shining Edens; Bewitched his eye finds a Capua Wherever a candle glimmers in a hovel.

O marvelous travelers! what glorious stories We read in your eyes as deep as the seas. Show us the caskets of your rich memories Those wonderful jewels of stars and stratosphere.

We would travel without wind or sail! And so, to gladden the cares of our jails, Pass over our spirits, stretched out like canvas, Your memories with their frames of horizons.

"We have seen the stars And the waves; and we have seen the sands also; And, despite shocks and unforeshadowed disasters, We have often, as here, grown weary.

The glory of sunlight on the violet sea, The glory of cities in the setting sun, Lit in our hearts an uneasy desire To sink in a sky of enticing reflections.

Never did the richest cities, the grandest countryside, Hold such mysterious charms As those chance made amongst the clouds, And ever passion made as anxious!

— Delight adds power to desire. O desire, you old tree, your pasture is pleasure, And whilst your bark grows great and hard Your branches long to see the sun close to!

Do you ever increase, grand tree, you who live Longer than the cypress? — Nevertheless, we have carefully Culled some sketches for your ravenous album, Brothers finding beauty in all things coming from afar!

We have greeted great horned idols, Thrones starry with luminous jewels, Figured palaces whose fairy pomp Would be a dream of ruin for a banker,

Robes which make the eyes intoxicated; Women with tinted teeth and nails And cunning jugglers caressed by serpents."

And then, what then?

Never to forget the principal matter, We have everywhere seen, without having sought it, From top to bottom of the fatal ladder, The wearisome spectacle of immortal sin:

Woman, base slave of pride and stupidity, Adores herself without a smile, loves herself with no distaste; Man, that gluttonous, lewd tyrant, hard and avaricious, Is a slave of the slave, a trickle in the sewer;

The joyful executioner, the sobbing martyr; The festival that flavors and perfumes the blood; The poisonous power that weakens the oppressor And the people craving the agonizing whip;

Many religions like ours All scaling the heavens; Sanctity Like a tender voluptuary wallowing in a feather bed Seeking sensuality in nails and horse-hair;

Fearing Humanity, besotted with its own genius, Is as mad today as ever it was, Crying to God in its furious agony: "O my fellow and my master, I curse thee!"

And the less senseless, brave lovers of Dementia, Flee the great herd penned in by Destiny, And take refuge in a vast opium! — Such is the eternal report of the whole world."

O bitter is the knowledge that one draws from the voyage! The monotonous and tiny world, today Yesterday, tomorrow, always, shows us our reflections, An oasis of horror in a desert of boredom!

Must we depart? If you can do so, remain; Depart, if you must. Someone runs, another crouches, To deceive that vigilant and fatal enemy, Time! Ah, there are some runners who know no respite,

Like the wandering Jew or like the apostles, Whom nothing aids, no cart, nor ship, To flee this ugly gladiator; there are: others Who even in their cradles know how to kill it.

When at last he shall place his foot upon our spine, We will be capable of hope, crying: "Forward!" As in old times we left for China, Eyes fixed in the distance, halt in the winds,

We shall embark on that sea of Darkness With the happy heart of a young traveler. Do you hear these voices, alluring and funereal, Singing: "This way, those of you who long to eat

The perfumed lotus-leaf! it is here that are gathered Those miraculous fruits for which your heart hungers; Do come and get drunk on the strange sweetness Of this afternoon without end!"

By those familiar accents we discover the phantom Over there our personal Pylades stretch out their arms to us. "Swim to your Electra to revive your hearts!" Says she whose knees we one time kissed.

O Death, my captain, it is time! let us raise the anchor! This country wearies us, O Death! Let us make ready! If sea and sky are both as black as ink, You know our hearts are full of sunshine.

Pour on us your poison to refresh us! Oh, this fire so burns our brains, we would Dive to the depths of the gulf, Heaven or Hell, what matter? If only to find in the depths of the Unknown the New!

— Geoffrey Wagner, Selected Poems of Charles Baudelaire (NY: Grove Press, 1974)

Two editions of Fleurs du mal were published in Baudelaire's lifetime — one in 1857 and an expanded edition in 1861. "Scraps" and censored poems were collected in Les Épaves in 1866. After Baudelaire died the following year, a "definitive" edition appeared in 1868.

  • 1857 Fleurs du mal First edition with 100 poems
  • 1861 Fleurs du mal Second edition missing censored poems but including new ones
  • 1866 Les Épaves Twenty-three "scraps" including the poems censored from the first edition
  • 1868 Fleurs du mal Comprehensive edition published after Baudelaire's death
  • All Poems (Alphabetical) Every poem from each edition
  • Audio Readings of Baudelaire mostly in French
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Les Cours Julien

Méthodologie et commentaires de textes littéraires

  • Préparation estivale

Mot du jour: écheveau.

Les mots à la mode: clash., mot du jour: tabellion., mot du jour: écheniller., invitation au voyage, baudelaire, fleurs du mal, commentaire, analyse..

Contact:[email protected]

L’invitation au voyage

Mon enfant, ma soeur, Songe à la douceur D’aller là-bas vivre ensemble ! Aimer à loisir, Aimer et mourir Au pays qui te ressemble ! Les soleils mouillés De ces ciels brouillés Pour mon esprit ont les charmes Si mystérieux De tes traîtres yeux, Brillant à travers leurs larmes.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.

Des meubles luisants, Polis par les ans, Décoreraient notre chambre ; Les plus rares fleurs Mêlant leurs odeurs Aux vagues senteurs de l’ambre, Les riches plafonds,

Vois sur ces canaux Dormir ces vaisseaux Dont l’humeur est vagabonde ; C’est pour assouvir Ton moindre désir Qu’ils viennent du bout du monde. – Les soleils couchants Revêtent les champs, Les canaux, la ville entière, D’hyacinthe et d’or ; Le monde s’endort Dans une chaude lumière.

Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal( 1857), section « Spleen et idéal ».

Exemple d’un plan de commentaire avec introduction et conclusion du poème,’L’invitation au voyage’, Baudelaire, Fleurs du mal (1857).

(Ceci est un exemple, et pas un modèle. Votre réflexion personnelle peut évidemment vous mener vers d’autres pistes de lecture.)

Introduction :

Baudelaire, poète de la modernité, publie son grand recueil Les Fleurs du mal en 1857. Il expérimente en passant du romantisme, au mouvement parnassien, puis en insufflant le symbolisme. De même, il remet au goût du jour la forme oubliée du sonnet, et popularise le poème en prose ( Spleen de Paris , 1869). Il mène une vie de tourments et de difficultés dont l’angoisse se retrouve dans son concept central du Spleen (humeur dépressive). (accroche avec informations sur l’auteur).

L’invitation au voyage se découvre dans la section « Spleen et idéal » de son œuvre. Tableau d’un idéal, ici, il s’inspire de son voyage fait à vingt ans, lorsque ses parents décident de l’embarquer sur un bateau à destination des Indes pour l’éloigner de sa mauvaise vie (il s’arrêtera au bout d’une dizaine de mois sur l’île de la Réunion). Il évoque à travers ce texte son amour pour Marie Daubrun, actrice à la mode, qu’il rencontre en 1848. (présentation du texte)

Nous verrons de quelle manière l’auteur arrive à nous emmener dans un voyage poétique. (problématique)

Tout d’abord, nous analyserons les particularités de ce texte, avant d’en montrer la portée imaginaire et poétique. (annonce de plan)

(introduction avec quatre éléments : accroche, présentation du texte, problématique, annonce de plan).

I- Un poème particulier.

(phrase d’introduction de la partie avec rappel du thème)

a) Une construction originale.

  • utilisation des vers impairs , cinq et sept syllabes, musicalité particulière (d’ailleurs mise en avant par la suite par Verlaine dans son poème « Art poétiqe »), vers courts créant un rythme rapide et saccadé.
  • Construction semblable à une chanson , à une berceuse avec trois couplets et le refrain qui revient : « Là, tout n’est […]et volupté ». L’adverbe « Là » placé en début de refrain insiste sur l’importance des deux vers, et oblige à un arrêt durant la lecture.
  • Présentation visuelle sous forme de colonne, avec des vers décalés. Rimes présentes, avec alternance entre rimes plates et rimes embrassées.

b) Un poème lyrique.

  • lyrisme marqué dès le début : « Mon enfant, ma soeur »(v.1), utilisation du possessif.
  • Expression de sentiments, de son amour  : anaphore avec verbe aimer v.4-5, pour une femme, destinataire du poème : « Songe »(v.2) (Marie Daubrun)
  • Eloge de la femme aimée , car il lui promet des merveilles : « C’est pour assouvir/Ton moindre désir »(v.32-33)

c) L’univers baudelairien.

  • une vision peu rassurante de la femme habituelle chez l’auteur  : « De tes traîtres yeux »(v.11), manque de confiance vis-à-vis des femmes et évocation des yeux verts de Marie Daubrun.
  • Création d’un univers sensoriel , mis en avant dans tout le recueil les Fleurs du mal  : « volupté », la chambre décrite dans la deuxième strophe évoque la sensualité, vue « Vois »(v.29), odorat « Mêlant leurs odeurs »(v.19), l’ouïe « Tout y parlerait »(v.24).
  • Insistance sur le luxe , obsession baudelairienne : « Luxe » (dans le refrain), « riches plafonds »(v.21), « splendeur orientale »(v.23), « or »(v.38). Ces éléments posent la vision de l’idéal baudelairien, un paradis sensuel luxueusement décoré .

(phrase de conclusion/transition de la partie lors de la rédaction)

II- La rêverie poétique.

( phrase d’introduction de la partie avec rappel du thème lors de la rédaction)

a) Le thème du voyage.

  • thème présent dès le vers 3  : « D’aller là-bas… », évocation d’un ailleurs possible, qui pourrait rendre la femme aimée heureuse « Au pays qui te ressemble »(v.6), reprise de cet ailleurs imaginaire avec « Là » au début des trois refrains.
  • La deuxième strophe se concentre sur l’évocation de l’Orient  : « La splendeur orientale »(v.23), sur l’exotisme « Les plus rares fleurs »(v.18), « l’ambre »(v.20).
  • Enfin, la dernière strophe développe un champ lexical du voyage important : « vaisseaux »(v.30), « vagabonde »(v.31), « bout du monde »(v.34).
  • Le poème en lui-même est une proposition pour partir.

b) Un rêve.

  • Dès le deuxième vers le caractère onirique du poème est mis en place : « Songe »(v.2), tel un charme, le poète demande à sa dame de rêver.
  • Certaines images traduisent l’imaginaire tout au long du texte : « soleils mouillés » ( oxymore , v.7), « Dormir ces vaisseaux »( personnification , v.30)
  • moment choisi : la nuit, en effet : « Le monde s’endort »(v.39), « Les soleils couchants »(v.35), description de la chambre dans la seconde strophe (endroit où l’on dort) ; La nuit est le moment du rêve.
  • Enfin, construction d’un monde utopique, d’une atmosphère irréelle  : emploi du conditionnel dans la seconde strophe « Décoreraient »(v.17), « parlerait »(v.24).

c) Un voyage paradoxal.

  • ce voyage s’effectue sans déplacement, sans mouvement  : absence de verbe de mouvement dans le poème à part « aller »(v.3) et « viennent »(v.34 pour les bateaux).
  • Le voyage ne mène pas on plus à des destinations différentes ou étrangères forcément : «Au pays qui te ressemble »(v.6), « Sa douce langue natale »(v.26), de plus aucune rencontre ne marque ce voyage puisqu’ils restent ensemble tout le temps sans personne d’autre. La ville dessinée à la fin paraît située en Hollande, et non dans une contrée lointaine. (champs et port proches).
  • Enfin, le refrain ne met pas en avant l’aventure « ordre », « calme ». Baudelaire n’invite pas vraiment à un voyage réel, mais plus à le suivre dans son état d’âme amoureux.

(phrase de conclusion de la partie lors de la rédaction)

Conclusion :

A travers ce poème lyrique, Baudelaire nous fait part de ses obsessions : le luxe, le voyage, la femme aimée. Il rassemble les éléments de son idéal. Il cherche à emmener sa maîtresse dans une rêverie sentimentale. Le voyage évoqué est en effet plus poétique que réel. (reprise des conclusions partielles, réponse à l’annonce de plan)

Cette invitation nous prend par l’exotisme de la seconde strophe, l’évocation du voyage maritime de la dernière strophe, et la construction particulière du poème comme une berceuse. Le refrain participe à nous immerger dans cette rêverie. (réponse à la problématique)

Ce poème renvoie à un autre dans la même section des Fleurs du mal , « Parfum exotique », qui évoque une autre femme, Jeanne Duval. Il sera aussi repris plus tard en prose dans le dernier recueil de Baudelaire, Les Petits poèmes en prose . (ouverture)

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3 commentaires sur “invitation au voyage, baudelaire, fleurs du mal, commentaire, analyse.”.

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L’invitation au voyage, Baudelaire : analyse

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l'invitation au voyage baudelaire

L’invitation au voyage, introduction :

«  L’Invitation au voyage  » se situe au cœur de la section «  Spleen et Idéal  » des Fleurs du Mal . Baudelaire évoque ici un monde idéal et nous livre sa vision de la poésie. Il s’adresse à la femme aimée et l’invite à un voyage particulier, à la fois réel et imaginaire (I) mais aussi poétique (II).

Questions possibles à l’oral sur « L’invitation au voyage » de Baudelaire :

♦ Que peut-on dire du voyage proposé par le poète ? ♦ Quelles sont les caractéristiques de l’ idéal baudelairien d’après ce poème ? ♦ Commentez la composition et la progression du poème. ♦ Quelle vision de la poésie est représentée dans « L’invitation au voyage » ? ♦ Comment la femme est-elle ici représentée ? ♦ Analysez la musicalité du poème.

I – Invitation à un voyage à la fois réel et imaginaire

A – une invitation amoureuse.

Cette invitation au voyage est avant tout d’ordre amoureux .

En effet, au début du poème, Baudelaire s’adresse directement à la femme aimée à travers une injonction formulée à l’impératif  : « Mon enfant, ma sœur/ Songe à la douceur/D’aller là-bas vivre ensemble ! » (v. 1 à 3).

Le terme « ensemble » et l’emploi de pronoms possessifs souligne le caractère fusionnel du couple, de même que les rimes embrassées et l’ alternance entre rimes masculines (v. 1-2, 4-5, 7-8, 10-11, 13-14, 15-16, 18-19, 21-22, 24-25,…) et féminines (v. 3, 6, 9, 12, 17, 20, 23, 26,…).

De plus, le poète insiste sur cet amour à travers l’ anaphore du verbe « aimer » : «  Aimer à loisir/ Aimer et mourir » (v. 4-5).

Ainsi, la femme est le point de départ du voyage , l’ élément déclencheur .

D’ailleurs, le paysage prend les traits de l’aimée et se superpose à elle .

Baudelaire établit en effet une analogie entre la femme et le paysage décrit : « Au pays qui te ressemble ! » (v. 6). Il compare le soleil et le ciel aux yeux de son amante : « Les soleils mouillés/De ces ciels brouillés/Pour mon esprit ont les charmes/Si mystérieux/De tes traîtres yeux/Brillant à travers leurs larmes » (v. 7 à 12).

Enfin, la deuxième strophe évoque l’ intimité du couple à travers un bref champ lexical  : « notre chambre » (v. 17), « secret » (v. 25).

B – Le voyage : un rêve éveillé

La description de la chambre souligne la dimension onirique de ce voyage .

On trouve ainsi un champ lexical du rêve et du sommeil  : « Songe » (v. 2), « chambre » (v. 17), « Dormir » (v. 30), « soleils couchants » (v. 35), « s’endort » (v. 39).

D’autre part, les adjectifs qualifiant le paysage à la première strophe dénotent un paysage flou , voilé , incertain et irréel : « Les soleils mouillés/De ces ciels brouillés » (v. 7-8), « Si mystérieux » (v. 10), « Brillant à travers leurs larmes » (v. 12).

La diérèse sur le « i » de « mystérieux » renforce le mystère de ce paysage.

De plus, chaque strophe décrit un paysage différent . On passe ainsi d’une scène à l’autre sans transition logique , comme dans le rêve .

Cependant la description, marquée par une hypotypose∗ et soulignée par les démonstratifs ( « De ces ciels » (v. 8), « Vois sur ces canaux/Dormir ces vaisseaux » (v. 29-30), créée un effet de réel qui place ce voyage entre rêve et réalité , réel et imaginaire.

∗ hypotypose : figure de style qui consiste, pour une phrase, à mimer, reproduire ce qu’elle dépeint, donnant ainsi l’impression d’une description vivante, animée, qui se dessine sous nos yeux.

C – Un monde imaginaire et idéal

Mais c’est tout de même un monde imaginaire et idéal que peint ici Baudelaire.

Le conditionnel à la seconde strophe souligne la dimension imaginaire et irréelle du voyage : «  Décoreraient notre chambre » (v. 17), « Tout y parlerait  » (v. 24).

De même, l’emploi de l’ infinitif marque le caractère paradoxalement passif et immobile  du voyage : « D’aller » , « Aimer à loisir/Aimer et mourir » (v. 3 à 5), « Dormir » (v. 30), « C’est pour assouvir » (v. 32).

L’infinitif est également le mode de l’intemporel , mode idéal quand on sait que le temps est l’ennemi de Baudelaire.

Le lieu décrit par le poète est idyllique , voire utopique . C’est un monde idéal caractérisé par la beauté, le luxe et l’exotisme , ce qui est traduit par les champs lexicaux  :

♦ De la lumière et de la brillance : « soleils » (v. 7 et 35), « Brillant » (v. 12), « luisants » , « polis » (v. 15-16), « miroirs » (v. 22), « d’or » (v. 38), « lumière » (v. 40)

♦ De la beauté : « charmes » (v. 9), « beauté » (v. 13, 27, 41), « splendeur » (v. 23)

♦ De la richesse et du luxe ( leitmotiv baudelairien) : « Luxe » (v. 14, 28, 42), « riches plafonds » (v. 21)

♦   De l’exotisme : « vagues senteurs de l’ambre » (v. 20), « La splendeur orientale » (v. 23), « du bout du monde  » (v. 34).

Enfin, cette idéalisation est renforcée par les hyperboles et les superlatifs  : «  Si mystérieux » (v. 10), «  Les plus rares fleurs » (v. 18), « tout » (v. 13, 24, 27, 41), « la ville entière  » (v. 37).

Transition : Ce monde idéal dont rêve Baudelaire et qu’il peint ici est aussi celui de la poésie .

II – Un voyage poétique

A – une forte musicalité.

«  L’invitation au voyage  » présente une forte musicalité .

Tout d’abord, sa composition est similaire à celle d’une chanson  : chaque strophe, qui comporte douze vers alternant deux pentasyllabes et un heptasyllabe, est suivie d’ un refrain .

Malgré les vers impairs , le rythme est régulier et le poète parvient à créer une parfaite harmonie .

Cette régularité à la fois visuelle et sonore est soulignée par de nombreuses diérèses  : « mystér i eux » (v. 10), « or i entale » (v. 23), « D’h y acinthe » (v. 38).

L’harmonie est également due à la brièveté et à la fluidité des vers.

En effet, les vers sont courts et marqués par de nombreux enjambements  (v. 2 à 3, 7 à 8, 9 à 12, 19 à 20, 24 à 26, 30 à 34, 39 à 40). Aucun rejet ou contre-rejet ne vient rompre le rythme.

Par ailleurs, cette fluidité est accentuée par l’ allitération en « l »  :

« D’a ll er l à-bas vivre ensemb l e » (v. 3), «  L es so l eils moui ll és/De ces cie l s broui ll és » (v. 7-8), « Bri ll ant à travers l eurs l armes » (v. 11-12), «  L uxe, ca l me et vo l upté » (v. 14, 28, 42), « Des meub l es l uisants/Po l is par l es ans » (v. 15-16), «  L es p l us rares f l eurs/Mê l ant l eurs odeurs » (v. 18-19), «  L a sp l endeur orienta l e/Tout y par l erait/A l ‘âme en secret/Sa douce l angue nata l e » (v. 23 à 26).

B – L’idéal poétique de Baudelaire

A travers ce monde rêvé et imaginaire, c’est un idéal poétique que dépeint Baudelaire.

Cet idéal est avant tout marqué par les synesthésies et correspondances  : « Les plus rares fleurs/Mêlant leurs odeurs/Aux vagues senteurs de l’ambre » (v. 18 à 20), « Les soleils couchants/Revêtent les champs/Les canaux, la ville entière/D’hyacinthe et d’or » (v. 35 à 38), « Le monde s’endort dans une chaude lumière » (v. 39-40).

Les principales caractéristiques de l’idéal baudelairien sont résumées dans les deux vers du refrain : « Là, tout n’est qu’ ordre et beauté / Luxe , calme , et volupté  » .

Ce refrain fonctionne comme une formule magique et donne au poème un ton incantatoire . Le voyage se réalise à travers la parole poétique.

Le poète est comme un magicien , capable de transformer le monde et de le sublimer , comme le souligne la métaphore des « soleils couchants » mise en évidence et en valeur par un tiret  :

«  – Les soleils couchants/Revêtent les champs/Les canaux, la ville entière,/D’hyacinthe et d’or » (v. 35 à 38).

Le poète est aussi celui qui parle « le langage des fleurs et des choses muettes » (voir le poème «  Elévation  » ). Il déchiffre et interprète la langue de l’invisible  : « Tout y parlerait/A l’âme en secret/Sa douce langue natale » (v. 24 à 26).

L’invitation au voyage, Baudelaire, conclusion :

Dans « L’Invitation au voyage  », c’est l’ idéal qui domine et l’emporte enfin sur le spleen, du moins le temps d’un poème.

Baudelaire invite la femme aimée et le lecteur à un voyage onirique et imaginaire au sein d’un monde idéal sublimé par le langage poétique. Il peint ainsi à travers la description de paysages et une forte musicalité son idéal poétique, marqué par l’harmonie.

On retrouvera cette vision moderne du poète alchimiste chez Rimbaud notamment (dans «  Voyelles  » par exemple).

Tu étudies Baudelaire ? Regarde aussi :

♦ Le balcon, Baudelaire : commentaire composé ♦ Correspondances, Baudelaire (analyse) ♦ La chevelure, Baudelaire (analyse) ♦ L’homme et la mer (analyse) ♦ Harmonie du soir, Baudelaire (analyse) ♦ Le chat, Baudelaire (commentaire) ♦ Parfum exotique, Baudelaire (lecture linéaire) ♦ L’Horloge, Baudelaire : analyse ♦ Le soleil, Baudelaire : analyse ♦ La vie antérieure, Baudelaire (commentaire) ♦ Chant d’automne, Baudelaire : analyse ♦ Une charogne, Baudelaire : commentaire ♦ Les phares, Baudelaire : analyse ♦ Hymne à la beauté, Baudelaire (analyse) ♦ L’albatros, Baudelaire : commentaire ♦ L’ennemi, Baudelaire (analyse) ♦ La cloche fêlée ♦ Le serpent qui danse (analyse) ♦ Le vampire, Baudelaire : analyse ♦ Recueillement, Baudelaire : analyse ♦ Remords posthume, Baudelaire (analyse) ♦ Spleen, Quand le ciel bas et lourd, Baudelaire (lecture linéaire) ♦ Alchimie de la douleur : analyse ♦ Moesta et errabunda : analyse ♦ Le crépuscule du matin : analyse ♦ Le vin des chiffonniers (analyse linéaire) ♦ Les Voiles, Lamartine : analyse ♦ La Port de Palerme, Anna de Noailles : analyse

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le voyage baudelaire conclusion

Qui suis-je ?

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Amélie Vioux

Je suis professeur particulier spécialisée dans la préparation du bac de français (2nde et 1re).

Sur mon site, tu trouveras des analyses, cours et conseils simples, directs, et facilement applicables pour augmenter tes notes en 2-3 semaines.

Je crée des formations en ligne sur commentairecompose.fr depuis 12 ans.

Tu peux également retrouver mes conseils dans mon livre Réussis ton bac de français 2024 aux éditions Hachette.

J'ai également publié une version de ce livre pour les séries technologiques ici.

60 commentaires

Bonjour Madame ,

J’ai beaucoup de mal à « trier » les procédés » pour faire mes fiches : doit on pour chaque texte faire un plan de commentaire avec le brouillon , et prendre quelques procédés de chaque partie ou alors , faire en fonction des mouvements ? J’espère que vous comprenez ma question ? Merci beaucoup

Bonjour Madame,

Je passe mon BAC de Français cette année. Je voulais savoir si dans votre livre il y a les commentaires de texte ? ( par exemple avec les poème de Charles Baudelaire). Je vous parle de ceux que l’on peut imprimer et télécharger. J’espère que vous allez comprendre ce que j’ai essayé de vous expliquez.

Bonne journée à vous, merci d’avance pour votre réponse !

Bonjour Ceces, Les analyses de textes sont sur mon site uniquement, autrement mon livre ferait plus de 1000 pages 😉 Dans mon livre, tu vas trouver la méthode de tous les exercices, plein de conseils pour l’oral, pour ton organisation et ta gestion du stress et des devoirs corrigés et commentés. J’espère que cela te semble plus clair !

Bon je vais peut être pouvoir finir mon anthologie… En tout cas merci pour ces commentaire de texte, cela m’aide grandement, quel professeur donne une anthologie de 45 page a des élèves de 1er? Le mien! 😉 Merci beaucoup.

bonsoir je ne parviens pas à trouver une ré-adaptation pertinente du plan à la problématique « Analysez la musicalité du poème »

Je ne comprends pas comment on pourrait répondre à la problématique:

« Comment la femme est-elle représenté dans ce poème ? »

Je ne vois pas comment réajuster votre plan…

bonjour, comment repondre à la problématique : » commentez la composition et la progression de poéme » ?

Bonjour, Est-il possible de faire un plan à l’oral composé par exemple de 2 grandes parties ayant un nombre de sous parties différent ? Par exemple : I- A\ B\ C\ et II- A\ B\

Bonjour Amélie, merci beaucoup pour cette analyse elle est très complète et tu m’as beaucoup aidée. Mais j’avais une question tu penses que ce poème appartient à quel registre ?

Je te remercie Amélie pour cette explication qui met en évidence la modernité de Baudelaire et sa grande sensibilité poétique .Tes analyses sont toujours très fouillées intéressantes et d’ un grand secours , je les apprécie beaucoup.

Merci beaucoup pour cette analyse complète mais une petite question me tracasse… Comment expliquez vous la modernité du poème l’invitation au voyage ? Sur la forme aucun doute.. mais le fond c’est plutôt compliqué … la femme aimée est abordée (thème traditionnel) , la nature également .. Le rêve et l’idéalistation oui mais est-ce vraiment une preuve de modernité poétique durant son époque ? Nombreux poètes ont exploré ces thèmes. J’ai pensé au fait qu’il mentionne des aspects de la ville, des meubles.. Mais cela ne suffit pas pour tenir 10 minutes … S’il vous plait aidez-moi..

Merci beaucoup Amélie!!! Ces commentaires m’aident beaucoup! Il me permettent vraiment d’améliorer mes fiches pour l’oral!!

Bonjour Amélie, ma professeur de français m’a donnée un plan et une problématique pour « L’invitation au voyage » de Baudelaire pourriez vous me dire si cela fonction s’il vous plait Problématique: comment le paysage se constitue-t-il à partir de la femme aimée? Plan: I- Une plongée dans l’imaginaire a) Un rythme hypnotique qui favorise l’épanouissement de la rêverie b) Un effacement progressif de la réalité face à l’imaginaire c) Un poème qui allie extension spatiale et fermeture temporelle II- Le monde idéal créé par Baudelaire a) la place de la femme b) un décor qui correspond au refrain Merci d’avance, Laura

Bonsoir Amélie, un énorme MERCI à vous, grâce à vous j’ai eu la meilleure note de ma classe de L avec l’analyse de ce poème lors des oraux blancs! J’ai fait la fierté de mes professeurs de français des deux dernières années. J’adore votre site, qui m’aide vraiment beaucoup 🙂

bonjour amélie,

pourrais-tu me donner le titre du tableau ainsi que son auteur que tu as intégrer dans ton analyse merci

Bonjour Amélie, J’avais une question concernant le plan. Si la problématique posée est la suivante: « analysez la musicalité du poème », faut-il conserver toute la premiere partie qui à mon sens ne traite pas vraiment de la musicalité… Je suis un peu perdue… Merci d’avance pour votre réponse. Léna

Bonsoir ! Merci beaucoup pour cette analyse Amélie .. Mais y’a un petit truc que j’ai pas compris .. On m’a posé la question suivante : qu’est-ce qui permet d’interpréter le paysage de ce poème comme une évocation de la beauté idéale recherchée par le poète dans son travail poétique ? Et dans votre analyse le paysage n’apparaît « presque » pas ! C’est ma prof qui s’est trompé sur sa question ou c’est plutôt moi qui l’a mal interprété ? Mercii d’avance ! Cordialement Maeva .

Bonjour Maeva, Le paysage est présent dans le poème de Baudelaire et dans mon analyse. Tu as bien tous les éléments pour répondre à la question de ton professeur, mais il faut que tu partes d’abord de ta lecture du poème, que tu enrichis ensuite avec mon analyse, pour élaborer ensuite ta réponse.

Bonjour Amélie, j aimerais savoir si le plan que vous nous avez proposé est bon pour chaque problématique citées juste après l’introduction car j’ai du mal a comprendre le rapport entre certaines parties du plan et certaines problématiques.

Bonjour Bastien, J’élabore des plans qui vous permettent de répondre à toutes les questions possibles, mais tu dois quand même faire l’effort d’adapter ce plan à la question et de répondre clairement à la question posée. Si cela te semble confus, inscris-toi à ma formation gratuite : elle contient une vidéo très claire à ce sujet.

Quel est le titre et l’auteur de la peinture au début de l’analyse s’il vous plaît ?

Merci merci merci Amélie pour toute l’aide que tu nous donne ! J’ai repris ton plan pour ce poème le jour de mon oral et grâce à toi j’ai eu 20 !

Waou Daphné, super pour ce 20 !

♦ Que peut-on dire du voyage proposé par le poète ?

Pourriez vous me donner un plan pour la problématique suivante: « Montrer la musicalité de ce poème. » Merci de votre aide!

I introduction Tu expose le contexte II une composition spécifique Dans le quelle tu mettrai la répétition des vers formant un « refrain » et la découpe des strophes et des vers III rythme visuel Tu parlera de schémas de versification (AABCCB) IIII rythme sonore Tu parlera des allitération en L et des diérèse IIIII Conclusion Tu diras en gros que se poème a une forte musicalité grace ai procédé littéraire mis en place dans tous le poème

Bonjour Amélie, Un grand MERCI pour vos analyses complètes qui m’aident énormément pour me préparer à l’oral de français. Je ne comprend juste pas bien la métaphore des « soleils couchants » évoquée à la fin du II-B Si vous pouviez m’éclairer sur ce point s’il vous plaît ? Merci d’avance Anne

Bonjour Amélie! Comment répondre à la problématique:  »Analysez la musicalité du poème » et  »Commentez la composition et la progression du poème »

Merci beaucoup, car je bloque..

Bonjour ! Merci beaucoup pour ce super travail qui m’aide énormément ! J’aimerai savoir si ce plan répond à toutes les problématiques ? Merci par avance

Bonjour Amélie ! Très belle analyse ☺️! Je me demandais juste où se situait dans le texte l’hypotypose que tu as placé dans ton I. B) ?

Un très grand MERCI pour EXCELLENT TRAVAIL !!

Merci Patricia. Je suis ravie que mon travail te soit utile 🙂

Bonjour Amélie,

Vous pensez que  » un poète amoureux  » marche comme axe? Merci

Bonjour Amélie. Pardon aide-moi. J’éprouve des difficultés à analyser et interpréter correctement les assonances.

bonjour, j’aimerais savoir de qui est ce tableaux s’il vous plait et sa source

Bonjour j aime beaucoup vos commentaires merci pour votre travail ! Je ne comprends pas bien la métaphore du soleil à quoi le comparé vous ?

Bonjour Amélie! J’apprécie énormément les analyses que vous faites qui sont toujours très poussées et m’apportent énormément dans la compréhension des textes, que ce soient ceux de nos objets d’étude ou d’autres que nous n’avons pas étudié. Cependant, je crois avoir remarqué une petite erreur… Vous dites que « viennent » au vers 34 comporte une diérèse, mais il me semble qu’il faut au contraire prononcer ce mot comme une synérèse sinon nous n’avons plus un heptasyllabe… Est-ce juste?

Bonjour Anne, Il n ‘y a pas de synérèse sur le verbe « viennent », ni de diérèse (je viens de l’enlever de la liste, c’est une faute d’inattention). Le vers compte 7 syllabes. Tu en comptes peut-être 8 car tu prononces le /e/ muet de monde (il ne faut pas le prononcer).

Je ne comprends pas la métaphore du soleil que vous traitez à la fin du commentaire, à quoi se rapporte t’il et à quoi est t’il « comparé » ?

Bonjour dans ce poème ( L’invitation au voyage ,Charles Baudelaire ,Les Fleurs Du Mal (1857) et ( L’invitation au voyage ,petits poèmes en PROSE (1869) quels sont les points communs et les différences entre les deux poèmes ? et aussi Quels pronom designe la destinataire dans chaque poème ? Pourquoi cette différence ? (L’invitation au voyage,Charles Baudelaire,Les Fleurs du Mal (1857),Les fleurs Du Mal et L’invitation au voyage,Petits poèmes en PROSE(1869)

Ne crois pas que je vais faire tes devoirs ! Prends le temps de lire les poèmes, mes analyses et de chercher les réponses aux questions de ton professeur.

Génial, complet !

Merci Très utile!

Bonjour Amélie; Pour ma préparation je dois analyser le paysage intérieur dans le poème.Voici mon plan: I La découverte du paysage intérieur bercé par la rêverie 1 Un monde imaginaire et idéal 2 Un monde caractérisé par la beauté,le luxe et l’exotisme 3 Le titre II L’âme du poète 1Le paysage prend les traits de la femme 2 L’âme du poète bercé par la douceur et la musicalité III Les lieux à imaginer 1 La chambre 2 Le paysage 3 Le pays

Bonjour Laura , il est préférable de garder une structure fixe dans tes commentaires : si tu fait un plan de 3 parties il faut faire deux parties chacune et si tu fait un plan de 2 parties 3 sous parties chacune sont idéales ! Cela permet d’avoir une structure claire et équilibrée ! ♥️

Bonsoir,j’ai une préparation à faire sur ce poème.La question de lecture analytique est d’analyser l’évocation du paysage extérieur dans le poème.Le prof va peut-être ramasser les préparations et faire passer un élève devant en situation d’examen.

Et moi c’est le paysage intérieur! Quelqu’un saurait ce que c’est

Je sais pas désolé

Je dirais que cets l’état d’âme du poète le paysage de ces pensés. Cets pour ça que parfois que tu entendra parler du rapport paysage extérieur – intérieur car l’un symbolise l’autre

La synesthésie c’est la « correspondance » entre les différentes sensations (ex: une sensation visuelle associée à une sensation auditive) « Doux comme les hautbois,verts comme les prairies » cf Fleurs du Mal sensations: toucher + visuelle .

la synesthésie c’est la « correspondance » entre les différentes sensations exemple une sensation visuel associé à une sensation auditive

Il y a quelque chose que je comprends pas dans ton commentaire. Dans ton II) B) tu parles de synesthésie et de correspondance. Quelles sont les correspondances ? Et comment définirais tu ce terme ? Par ailleurs, quels exemples y sont associés ? Malheureusement je n’ai pas compris cela …

J’espère que tu pourras m’éclairer sur cela.

Bien cordialement,

Oui je bloque aussi dessus! Merci d’avance !

Je pense qu’il s’agit de la théorie des correspondances. Cela consiste à la création de liens entre le monde réel et le monde spirituel du poète, permettant ainsi de créer un nouvel univers.

J’ai choisi ce poème pour mon anthologie poétique. Cette analyse me rassure, car je sais que j’ai compris ce magnifique poème ! Grâce à la création de mon anthologie, je peux maintenant assurer que Baudelaire est mon poète préféré, et que son recueil  »Les fleurs du mal » est mon favoris !

Salut très chère Amélie , pourrais tu faire s’il te plait une analyse de En attendant Godot , scène de clôture ? Ton site m aide beaucoup merci

Salut Amélie pourrais tu faire une analyse du texte de Ionesco « le roi se meurt » le texte qui est présent dans le manuel l’ecume des lettres

Tu as eu une vision pour l’épreuve écrite toi !

trop contente que vous ayez fait cette analyse ! Je m’aide beaucoup de votre site pour l’oral car vos commentaires sont toujours très claires 🙂

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Site internet

Poésie : Le voyage

Titre : le voyage, poète : charles baudelaire (1821-1867).

À Maxime Du Camp. I Pour l'enfant, amoureux de cartes et d'estampes, L'univers est égal à son vaste appétit. Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes ! Aux yeux du souvenir que le monde est petit ! Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme, Le coeur gros de rancune et de désirs amers, Et nous allons, suivant le rythme de la lame, Berçant notre infini sur le fini des mers : Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme ; D'autres, l'horreur de leurs berceaux, et quelques-uns, Astrologues noyés dans les yeux d'une femme, La Circé tyrannique aux dangereux parfums. Pour n'être pas changés en bêtes, ils s'enivrent D'espace et de lumière et de cieux embrasés ; La glace qui les mord, les soleils qui les cuivrent, Effacent lentement la marque des baisers. Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent Pour partir, coeurs légers, semblables aux ballons, De leur fatalité jamais ils ne s'écartent, Et, sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons ! Ceux-là dont les désirs ont la forme des nues, Et qui rêvent, ainsi qu'un conscrit le canon, De vastes voluptés, changeantes, inconnues, Et dont l'esprit humain n'a jamais su le nom ! II Nous imitons, horreur ! la toupie et la boule Dans leur valse et leurs bonds ; même dans nos sommeils La Curiosité nous tourmente et nous roule, Comme un Ange cruel qui fouette des soleils. Singulière fortune où le but se déplace, Et, n'étant nulle part, peut être n'importe où ! Où l'homme, dont jamais l'espérance n'est lasse, Pour trouver le repos court toujours comme un fou ! Notre âme est un trois-mâts cherchant son Icarie ; Une voix retentit sur le pont : " Ouvre l'oeil ! " Une voix de la hune, ardente et folle, crie . " Amour... gloire... bonheur ! " Enfer ! c'est un écueil ! Chaque îlot signalé par l'homme de vigie Est un Eldorado promis par le Destin ; L'Imagination qui dresse son orgie Ne trouve qu'un récif aux clartés du matin. Ô le Pauvre amoureux des pays chimériques ! Faut-il le mettre aux fers, le jeter à la mer, Ce matelot ivrogne, inventeur d'Amériques Dont le mirage rend le gouffre plus amer ? Tel le vieux vagabond, piétinant dans la boue, Rêve, le nez en l'air, de brillants paradis ; Son oeil ensorcelé découvre une Capoue Partout où la chandelle illumine un taudis. III Etonnants voyageurs ! quelles nobles histoires Nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers ! Montrez-nous les écrins de vos riches mémoires, Ces bijoux merveilleux, faits d'astres et d'éthers. Nous voulons voyager sans vapeur et sans voile ! Faites, pour égayer l'ennui de nos prisons, Passer sur nos esprits, tendus comme une toile, Vos souvenirs avec leurs cadres d'horizons. Dites, qu'avez-vous vu ? IV " Nous avons vu des astres Et des flots ; nous avons vu des sables aussi ; Et, malgré bien des chocs et d'imprévus désastres, Nous nous sommes souvent ennuyés, comme ici. La gloire du soleil sur la mer violette, La gloire des cités dans le soleil couchant, Allumaient dans nos coeurs une ardeur inquiète De plonger dans un ciel au reflet alléchant. Les plus riches cités, les plus grands paysages, Jamais ne contenaient l'attrait mystérieux De ceux que le hasard fait avec les nuages. Et toujours le désir nous rendait soucieux ! - La jouissance ajoute au désir de la force. Désir, vieil arbre à qui le plaisir sert d'engrais, Cependant que grossit et durcit ton écorce, Tes branches veulent voir le soleil de plus près ! Grandiras-tu toujours, grand arbre plus vivace Que le cyprès ? - Pourtant nous avons, avec soin, Cueilli quelques croquis pour votre album vorace, Frères qui trouvez beau tout ce qui vient de loin ! Nous avons salué des idoles à trompe ; Des trônes constellés de joyaux lumineux ; Des palais ouvragés dont la féerique pompe Serait pour vos banquiers un rêve ruineux ; " Des costumes qui sont pour les yeux une ivresse ; Des femmes dont les dents et les ongles sont teints, Et des jongleurs savants que le serpent caresse. " V Et puis, et puis encore ? VI " Ô cerveaux enfantins ! Pour ne pas oublier la chose capitale, Nous avons vu partout, et sans l'avoir cherché, Du haut jusques en bas de l'échelle fatale, Le spectacle ennuyeux de l'immortel péché La femme, esclave vile, orgueilleuse et stupide, Sans rire s'adorant et s'aimant sans dégoût ; L'homme, tyran goulu, paillard, dur et cupide, Esclave de l'esclave et ruisseau dans l'égout ; Le bourreau qui jouit, le martyr qui sanglote ; La fête qu'assaisonne et parfume le sang ; Le poison du pouvoir énervant le despote, Et le peuple amoureux du fouet abrutissant ; Plusieurs religions semblables à la nôtre, Toutes escaladant le ciel ; la Sainteté, Comme en un lit de plume un délicat se vautre, Dans les clous et le crin cherchant la volupté ; L'Humanité bavarde, ivre de son génie, Et, folle maintenant comme elle était jadis, Criant à Dieu, dans sa furibonde agonie : " Ô mon semblable, ô mon maître, je te maudis ! " Et les moins sots, hardis amants de la Démence, Fuyant le grand troupeau parqué par le Destin, Et se réfugiant dans l'opium immense ! - Tel est du globe entier l'éternel bulletin. " VII Amer savoir, celui qu'on tire du voyage ! Le monde, monotone et petit, aujourd'hui, Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image Une oasis d'horreur dans un désert d'ennui ! Faut-il partir ? rester ? Si tu peux rester, reste ; Pars, s'il le faut. L'un court, et l'autre se tapit Pour tromper l'ennemi vigilant et funeste, Le Temps ! Il est, hélas ! des coureurs sans répit, Comme le Juif errant et comme les apôtres, A qui rien ne suffit, ni wagon ni vaisseau, Pour fuir ce rétiaire infâme : il en est d'autres Qui savent le tuer sans quitter leur berceau. Lorsque enfin il mettra le pied sur notre échine, Nous pourrons espérer et crier : En avant ! De même qu'autrefois nous partions pour la Chine, Les yeux fixés au large et les cheveux au vent, Nous nous embarquerons sur la mer des Ténèbres Avec le coeur joyeux d'un jeune passager. Entendez-vous ces voix, charmantes et funèbres, Qui chantent : " Par ici ! vous qui voulez manger Le Lotus parfumé ! c'est ici qu'on vendange Les fruits miraculeux dont votre coeur a faim ; Venez vous enivrer de la douceur étrange De cette après-midi qui n'a jamais de fin ? " A l'accent familier nous devinons le spectre ; Nos Pylades là-bas tendent leurs bras vers nous. " Pour rafraîchir ton coeur nage vers ton Electre ! " Dit celle dont jadis nous baisions les genoux. VIII Ô Mort, vieux capitaine, il est temps ! levons l'ancre ! Ce pays nous ennuie, ô Mort ! Appareillons ! Si le ciel et la mer sont noirs comme de l'encre, Nos coeurs que tu connais sont remplis de rayons ! Verse-nous ton poison pour qu'il nous réconforte ! Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau, Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe ? Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau !

IMAGES

  1. Invitation to the Voyage

    le voyage baudelaire conclusion

  2. BAUDELAIRE, Charles

    le voyage baudelaire conclusion

  3. L'Invitation au Voyage

    le voyage baudelaire conclusion

  4. Beaudelaire: l’invitation au voyage

    le voyage baudelaire conclusion

  5. Baudelaire Le Voyage

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  6. Citation Image: Poeme Le Voyage De Baudelaire

    le voyage baudelaire conclusion

VIDEO

  1. Bohémiens en voyage

  2. L'INVITATION AU VOYAGE (BAUDELAIRE/JOAQUIM GARCIA)

  3. DUPARC : L'Invitation au voyage (Baudelaire)

  4. Duparc Baudelaire L'Invitation au voyage Charles Panzera

  5. Charles Baudelaire

  6. Le Voyage VIII

COMMENTS

  1. Le voyage

    Conclusion. Introduction. Le thème du voyage est un thème traditionnel dans la littérature quand il est initiatique. Ici Charles Baudelaire démontre la vanité du voyage. Il conclut son recueil Les Fleurs du mal par le thème de la mort, le voyage suprême.

  2. Baudelaire : Le Voyage (Commentaire composé)

    Introduction. Dans l'édition de 1861, le dernier chapitre des Fleurs du Mal : « La mort » comporte six poèmes : Le Voyage en est le poème final. Le titre du poème nous plonge d'emblée dans l'univers du voyage, thème fondamental dans la poésie de Baudelaire.

  3. PDF Baudelaire Le Voyage

    ''Le voyage'' poème de Charles BAUDELAIRE dans ''Les fleurs du mal'' (1861) À Maxime du Camp I Pour l'enfant, amoureux de cartes et d'estampes, L'univers est égal à son vaste appétit. Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes ! Aux yeux du souvenir que le monde est petit !

  4. Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal : Le Voyage

    Effacent lentement la marque des baisers. Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent. Pour partir ; cœurs légers, semblables aux ballons, De leur fatalité jamais ils ne s'écartent, Et, sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !

  5. Le Voyage de Charles Baudelaire : Résumé et analyse

    Dans « Le Voyage », Baudelaire décrit son voyage comme une quête de l'inconnu et de l'inspiration, mais il est également conscient de la tristesse et de la solitude qui l'accompagnent.

  6. Baudelaire, Le voyage: analyse

    Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme, Le cœur gros de rancune et de désirs amers, Et nous allons, suivant le rythme de la lame, Berçant notre infini sur le fini des mers : Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme ; D'autres, l'horreur de leurs berceaux, et quelques-uns, Astrologues noyés dans les yeux d'une femme, La Circé tyranniq...

  7. Le Voyage, poème de Charles Baudelaire

    Effacent lentement la marque des baisers. Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent. Pour partir ; cœurs légers, semblables aux ballons, De leur fatalité jamais ils ne s'écartent, Et sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons ! Ceux-là, dont les désirs ont la forme des nues, Et qui rêvent, ainsi qu'un conscrit le canon,

  8. Introduction/Mise en situation

    Le voyage réel, vécu, inspire ainsi vivement Baudelaire - comme ses contemporains Chateaubriand, Lamar-tine, Nerval, Du Camp auquel est dédié le long poème final, qui en remettent à la mode le récit. Mais c'est en fait toute l'°uvre qui constitue, pour son « semblable », son « frère », une invitation au voyage. A travers les six sections du recueil de 1861, le lecteur est ...

  9. Le Voyage

    Les huit sections de ce poème épique scandent les étapes d'un voyage initiatique qui mène du berceau à la tombe, de l'émerveillement à l'« amer savoir » et à l'ennui, jusqu'au saut résolu « au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau ». LE VOYAGE. A Maxime Du Camp. I. Pour l'enfant, amoureux de cartes et d'estampes,

  10. Le voyage, poème de Charles Baudelaire

    À Maxime Du Camp. I. Pour l'enfant, amoureux de cartes et d'estampes, L'univers est égal à son vaste appétit. Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes ! Aux yeux du souvenir que le monde est petit ! Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme, Le coeur gros de rancune et de désirs amers, Et nous allons, suivant le rythme de la lame,

  11. Analyse d'un Poème de Charles Baudelaire

    C'est parti. Le poème. Bohémiens en Voyage. La tribu prophétique aux prunelles ardentes. Hier s'est mise en route, emportant ses petits. Sur son dos, ou livrant à leurs fiers appétits. Le trésor toujours prêt des mamelles pendantes. Les hommes vont à pied sous leurs armes luisantes. Le long des chariots où les leurs sont blottis,

  12. Le Voyage by Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire's Fleurs du mal / Flowers of Evil. Le Voyage. À Maxime du Camp. I. Pour l'enfant, amoureux de cartes et d'estampes, L'univers est égal à son vaste appétit. Ah! que le monde est grand à la clarté des lampes! Aux yeux du souvenir que le monde est petit! Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme, Le coeur gros de ...

  13. L'Invitation au voyage, Baudelaire : commentaire de texte

    Ce poème reflète bien cet idéal que Baudelaire développe dans toute la section Spleen et Idéal, un voyage où la beauté prend le pas sur la destination, où la femme aimée est le paysage. Avec ce texte, le poète devient alchimiste, transformant le réel pour le sublimer.

  14. Invitation au voyage, Baudelaire, Fleurs du mal, commentaire, analyse

    Aimer à loisir, Aimer et mourir. Au pays qui te ressemble ! Les soleils mouillés. De ces ciels brouillés. Pour mon esprit ont les charmes. Si mystérieux. De tes traîtres yeux, Brillant à travers leurs larmes. Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. Des meubles luisants, Polis par les ans, Décoreraient notre chambre ;

  15. PDF Tableau de confrontation des documents sur le corpus « Voyage, voyage

    Baudelaire, « L'invitation au voyage », poème Document 4, Martin Parr, Touristes devant l'Acropole, photo Pistes de réflexion Idée 1 Le charme des voyages a disparu. Le narrateur raconte un voyage « initiatique » : il s'agit de son premier voyage quand il a 17 ans. Le voyage est, pour le poète, un moyen de vivre pleinement son amour avec la femme aimée dans un pays « idéal ...

  16. PDF Le voyage : Histoire et démocratisation

    Le thème « Lʼinvitation au voyage… » fait référence au poème de Baudelaire « Lʼinvitation au voyage », qui se trouve dans le recueil Les Fleurs du Mal. Mon enfant, ma sœur,

  17. L'invitation au voyage, Baudelaire : analyse pour le bac

    L'invitation au voyage, Baudelaire, conclusion : Dans « L'Invitation au voyage », c'est l' idéal qui domine et l'emporte enfin sur le spleen, du moins le temps d'un poème. Baudelaire invite la femme aimée et le lecteur à un voyage onirique et imaginaire au sein d'un monde idéal sublimé par le langage poétique.

  18. Poème Le voyage

    Effacent lentement la marque des baisers. Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent. Pour partir, coeurs légers, semblables aux ballons, De leur fatalité jamais ils ne s'écartent, Et, sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons ! Ceux-là dont les désirs ont la forme des nues, Et qui rêvent, ainsi qu'un conscrit le canon,

  19. Baudelaire : L'Invitation au Voyage (Commentaire composé)

    Nous allons étudier le poème de Baudelaire intitulé « L'Invitation au Voyage » tiré du recueil « Les Fleurs du Mal ». Cette poésie fait partie de la 6ème section, elle incarne l'idéal et est l'opposé des forces maléfiques du spleen. Nous mettrons en avant l'oxymore du titre, «

  20. Baudelaire : L'Invitation au Voyage (Commentaire composé)

    Aux vagues senteurs de l'ambre, Les riches plafonds, Les miroirs profonds, La splendeur orientale, Tout y parlerait. À l'âme en secret. Sa douce langue natale. Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. Vois sur ces canaux. Dormir ces vaisseaux. Dont l'humeur est vagabonde ; C'est pour assouvir. Ton moindre désir.

  21. Commentaire : Baudelaire : L'Invitation au Voyage

    Si mystérieux. De tes traîtres yeux, Brillant à travers leurs larmes. Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. Des meubles luisants, Polis par les ans, Décoreraient notre chambre ; Les plus rares fleurs. Mêlant leurs odeurs. Aux vagues senteurs de l'ambre, Les riches plafonds, Les miroirs profonds, La splendeur orientale,